Les journaux s'essaient d'avance à remplir, au tribunal de la postérité, le rôle de faux témoins.
La postérité pour un écrivain ? — Désormais, avec la formidable production de livres actuelle, elle durera tout juste le temps pendant lequel des dévouements d'amis ou de proches, ou bien encore des intérêts d'exploitation parviendront à empêcher l'oubli de pousser, comme l'herbe, sur son nom et sur son œuvre.
Certains hommes en vue ne peuvent rédiger un billet de deux lignes, une simple invitation à dîner, sans poser pour la postérité.
Le mensonge passe, la vérité reste. Les gens sages, la postérité surtout, ne jugent que sur des faits.
La postérité paie aux grands hommes l'intérêt de la gloire que leur ont refusée leurs contemporains.
La postérité est un conservatoire du cœur des hommes, non de leur esprit. Elle ne garde que le plus précieux, que l'unique et, je le crains, le pas sérieux.
Tout ce qui ne sert pas à la postérité est inutile dans l'histoire.
Il arrive assez généralement que l'on juge d'une manière défavorable les projets et les actions de l'homme de génie, et que même on cherche à les couvrir de ridicule. Cela me parait tout simple : ils sont trop loin de la portée du vulgaire pour qu'il en arrive autrement, mais l'expérience vengeresse met les choses à leur place ; et les nains qui s'étaient ralliés en foule sous les bannières de l'envie sont contraints, tôt ou tard, de tomber aux pieds du grand homme que la gloire destine aux hommages de la postérité.
L'ambitieux n'est que trop enclin à confondre la gloire avec la célébrité ; l'historien équitable qui veut servir de guide à la postérité n'en juge pas ainsi.
L'injustice des contemporains s'étend même au delà du tombeau, car parfois elle rend impossibles les jugements équitables de la postérité.
L'activité est mère, on sent remuer en elle toute une postérité.
L'homme dans la postérité méconnaît tout le monde, et dans l'adversité n'est connu de personne.
Le flambeau de l'histoire montre constamment la justice entourée de la paix, de l'amour, et de l'estime ; tandis que l'ambition, le fanatisme, la rébellion et la tyrannie sont toujours punis par de longs malheurs, et flétris par les inflexibles arrêts de la postérité.
L'histoire est un appel des erreurs contemporaines aux jugements de la postérité.
La postérité se souvient des hommes qui ont changé les empires, très peu de ceux qui les ont rétablis, à moins que ce rétablissement n'ait été durable. On admire ce qui crée, on estime à peine ce qui conserve : une grande gloire couvre de ténèbres tout ce qui la suit.
L'appel à la postérité prend sa source dans un pressentiment pur et vif, qu'il y a quelque chose d'impérissable, qui, s'il n'est pas reconnu immédiatement, finira par obtenir la majorité.
Vous voulez imposer votre souvenir à la postérité et le rendre immortel : Vain espoir ! Les belles colonnes en marbre qui ornent votre tombeau seront détruites avant un siècle. Dans vingt-cinq ans, dans moins de temps peut-être, les rails d'un chemin de fer jetteront votre cendre au vent.
L’appel à la postérité nait d’un sentiment pur et vif de l’immortalité.
Ne vous plaignez pas de vos contemporains, de vos compatriotes : les voisins et la postérité diront sur vous de tout autres fadaises.
Il est des gens qui laissent beaucoup de petites traces dans leur époque, mais qui ne parviennent pas à la franchir et à entrer dans le paradis austère et charmant de la postérité.
Le tribut d'éloges que l'envie me refuse aujourd'hui, la postérité me le payera avec usure.
La morale en préceptes est toujours éphémère : l'exemple seul demeure à la postérité.
Je vous le dis en vérité, j'emmerde la postérité.
La célébrité c'est bien ; la postérité c'est mieux.
En appeler à la postérité, c'est prendre le moindre risque.
La postérité ne demande pas aux hommes d'État qui ont eu le pouvoir combien de temps ils l'ont gardé, mais elle leur demande ce qu'ils ont fait !... Elle ne s'arrête pas à compter les années, elle compte les œuvres.
La gloire des bienfaiteurs de l'humanité est pour la postérité un phare éternel et vivifiant ; car l'exemple en demeure comme une émulation toujours présente, comme une voie tracée à jamais pour pousser les hommes à bien faire.
Après tout qu'importent la mort et les revers, si notre nom prononcé dans la postérité va faire battre un cœur généreux deux mille ans après notre vie ?
La postérité n'est pas aussi équitable dans ses arrêts qu'on le dit. Il y a des passions, des engouements de proximité. Quand la postérité admire sans restriction elle est scandalisée que les contemporains de l'homme admiré n'eussent pas de cet homme l'idée qu'elle en a ; cela s'explique pourtant : les choses qui plaisaient dans ce personnage sont passées, ses infirmités sont mortes avec lui ; il n'est resté de ce qu'il fut que sa vie impérissable ; mais le mal qu'il causa n'en est pas moins réel, mal en soi-même et dans son essence, mal surtout pour ceux qui l'ont supporté.
Ce n'est assurément pas par ambition ou par intérêt, encore moins par vanité, que quelques hommes s'obstinent à soutenir des opinions en apparence décréditées, qui ne conduisent ni aux honneurs ni à la fortune, et font taxer leurs écrits de paradoxe ou même d'exagération. C'est uniquement par respect pour leur nom, et de peur que la postérité, s'ils y parviennent, ne les accuse d'avoir cédé au torrent des fausses doctrines et des mauvais exemples.
L'écrivain qui n'a d'autre esprit que l'esprit de son siècle parvient rarement à la postérité.
On ne va point à la postérité avec un gros bagage.
La postérité distribue à chacun l'honneur mérité.
Les passions, sourdes à la voix de la justice, ne savent pas mettre plus de bornes à la haine qu'à l'enthousiasme ; tout ce qui les sert est innocent, et tout ce qui leur oppose un obstacle est criminel : aussi dans les temps d'orage, la modération, coupable aux yeux de tous les hommes de parti, n'est absoute que par la postérité.
La postérité rend à chacun ce qui lui est dû.
Le manque de postérité est le plus grand des défauts.
La postérité, de plus en plus, me paraît ressembler à un voyageur pressé qui fait sa malle.
La postérité, c'est un écolier qui est condamné à apprendre cent vers par cœur. Il en apprend dix, bredouille quelques syllabes du reste : les dix c'est la gloire ; le reste, c'est l'histoire littéraire.
Invoquer sa postérité, c'est faire un discours aux asticots.
La postérité, c'est la reconnaissance des hommes pour les victoires qui leur semblent promettre la leur.
En écrivant ne portons pas de ces jugements que la postérité puisse infirmer. Plus on a de mérite, et plus il faut y prendre garde : si votre nom doit rester, la tache restera. Boileau du fond de la tombe ne peut plus effacer ce qu'il a dit de Quinault. Il faut surtout se défier de l'entraînement de l'opinion dominante au moment qu'on écrit : elle exerce toujours plus ou moins d'influence sur notre manière de sentir ; excepté chez les esprits très élevés, et qui voient au loin.
Invoquer la postérité, c'est faire un discours aux asticots.
Pourquoi les arrêts de la postérité sont-ils presque toujours justes ? Les hommes à venir auront-ils un meilleur jugement que les hommes de ce temps ? Probablement non. Mais ils seront désintéressés dans nos affaires ; ils auront notre instruction et nos idées, et les leurs par-dessus. Ils seront plus âgés et plus expérimentés que nous qui le sommes plus que nos ancêtres ; car ce ne sont pas les Grecs et les Romains qui sont à présent les anciens, les vieillards : c'est nous autres. Enfin la postérité a l'immense avantage de juger après l'événement qui ne se trompe jamais. Aussi l'homme qui prévoit le mieux l'issue de chaque affaire, juge-t-il comme la postérité.