Les grands redoutent les hommes d'esprit et à talents, crainte d'être devinés, de voir évaporer ce vernis de réputation qui les rend estimables aux yeux des sots.
Une âme menée par la crainte en est toujours plus faible.
Je n'ose dire que je tiens à la vie dans la crainte que le bon sens ne me demande pourquoi.
La crainte d'un malheur à venir nous expose souvent aux plus grands périls.
Que reste-t-il dans le fond du cœur de celui qui a pardonné ? — La crainte de l'avenir.
On mène les hommes où l'on veut en combinant avec art la crainte et l'espérance.
La vieillesse partage ses jours entre le regret d'avoir vécu et la crainte de ne plus vivre.
La joie et le désir produisent l'espérance, comme le désir et la tristesse engendrent la crainte.
La crainte, comme l'espérance, se fait des augures de tout.
La crainte de la mort inspire souvent aux hommes un tel dégoût de la vie, qu'ils tournent contre eux-mêmes des mains désespérées, oubliant que la crainte de la mort était l'unique source de leurs peines.
La crainte des suites du vice nous tient habituellement lieu de vertu.
Plus on suit des plaisirs l'enivrant tourbillon, plus aussi de la crainte on ressent l'aiguillon.
Obtenir par la crainte équivaut presque à obtenir par la force.
Songe avec crainte à la justice des dieux immortels.
De la crainte à la haine, le pas n'est que trop glissant.
En consultant l'avenir, regardons-le avec les yeux de la raison, et non avec ceux de la crainte.
Par crainte de se compromettre on arrive à n'être plus dévoué qu'à soi-même.
La crainte, c'est la méfiance ; la méfiance, c'est la haine ; et la haine, c'est la menace.
Une crainte salutaire peut parler à la conscience et lui montrer l'opprobre et le châtiment qui attendent le crime ; alors si elle n'a pas le pouvoir de commander le bien, elle a celui d'empêcher le mal.
Le coléreux s'imagine obtenir plus facilement ses fins par la crainte que par la douceur.
Si la crainte de mal faire empêche de mettre la main à l'œuvre, on ne fera jamais rien qui vaille.
La crainte des vengeances est un frein nécessaire, car trop souvent les lois sommeillent.
La crainte fait taire le penchant.
La crainte grossit et rapproche le danger, et surtout le revêt de couleurs d'autant plus affreuses, qu'il nous est moins connu.
Celui qui n'agit que dans la crainte d'être méprisé est un être méprisable.
Rien ne rétrécit plus l'esprit que la crainte d'être dupe.
Il y a des craintifs qui souhaiteraient que l'avenir soit remis à une date ultérieure.
Une crainte fait souffrir dans le jugement qu'on porte sur ceux qu'on aime : celle de se tromper à leur désavantage.
Celui à qui il ne reste plus d'espérance ne connaît pas la crainte.
Le méchant se retranche derrière le scandale comme un animal vil se retranche derrière ses excréments où il sait que la crainte de se salir empêche de le suivre.
La prudence n'est souvent qu'une crainte anticipée due à une frayeur rétrospective.
Le désir et la crainte sont des verres grossissants, la nature en a fait les yeux de l'homme.
La crainte et l'espérance se partagent la vie, le plaisir et la douleur n'occupent que des moments.
Votre plus grand ennemi n'est pas toujours celui à qui vous avez fait du mal, il peut être généreux. Mais si vous avez été offensé par un lâche, soyez sûr qu'il voudra éternellement votre perte, car il craint votre ressentiment, et la crainte ne pardonne pas.
Toute crainte doit être réprouvée quand la crainte n'est pas justifiée par un examen de la raison.
À l'impie en tout temps toute paix est ravie. Il passe tour à tour de la crainte au remords : l'image de la vie aide à troubler sa mort, l'image de la mort aide à troubler sa vie.
Si l'angoisse paralyse, la crainte rend intelligent : on cherche à deviner, se prévoir, se déjouer.
L'ahiṃsā (la non-violence) n'est pas compatible avec la crainte.
Tout ce que le père de famille dit aux siens doit inspirer l'amour ou la crainte.
La crainte de Dieu nous est aussi nécessaire pour nous maintenir dans le bien, que la crainte de la mort pour nous retenir dans la vie.
Il y a de la crainte lorsqu'il n'y a pas d'égalité dans le sort.
La crainte, en politique, est le plus grand obstacle actuel à toute amélioration sociale ; elle n'arrête pas seulement le bien qui se prépare, elle fait avorter le bien obtenu ; et elle déploie autant d'activité pour empêcher, que le courage en déploie pour conquérir.
La crainte d'un malheur incertain fait souvent une impression plus funeste que la certitude d'un malheur arrivé.
La crainte aguerrit contre les maux et en évite la surprise.
La crainte d'un malheur imaginaire nous précipite quelquefois à la rencontre d'un réel, dont nous pouvons au moins mesurer toute l'étendue, comme on aime mieux voir un danger en face que le sentir derrière soi.
S'il est fâcheux de se tromper, une crainte excessive de se tromper est un mal plus fâcheux encore, attendu qu'il vaut mieux perdre son chemin que de ne pas marcher du tout.
La crainte d'être dupe paralyse les courages.
À la crainte du châtiment l'homme social joint la crainte du reproche, la peur du mépris.
Garder de la crainte juste ce qu'il en faut, que c'est difficile !
L'homme ne connaît la mesure que par crainte, non par goût.
La crainte trouble l'esprit et le jugement?