Il faut s'imboire de l'idée qu'on est supérieur pour le paraître aux autres.
Un homme supérieur est capable de faire le bouffon, de débiter mille sottises, d'accomplir même des extravagances comme un jeune daim sous l'effet de l'amour pour se mettre au diapason de sa conquête. Toutes simagrées qu'un homme vraiment supérieur aurait dédaignées, aurait jugées déshonorantes.
L'homme supérieur fait de l'équité et de la justice la base de toutes ses actions.
La gloire est une courtisane de mauvaise compagnie, qui attaque quelquefois, en passant, des gens qui n'y pensent pas. Ils sont étonnés des faveurs qu'ils ont reçues, sans avoir rien fait pour les avoir. Au bout de trente ans, on les croit supérieurs à ceux qui en ont mérité, sans en avoir eu ; et même à ceux qui en ont obtenu, sans avoir des prôneurs.
Chaque esprit trouve son supérieur, comme chaque flamme peut elle-même faire ombre sur une plus brillante.
Le courage d'esprit nous élève et nous rend supérieurs à tous les événements, dans quelque situation que nous nous trouvions placés dans le monde : il suppose la connaissance intime des choses, et la plus mûre réflexion.
L'orgueilleux se préoccupe moins d'être supérieur aux autres que de ne pas être inférieur à son idéal.
Une multitude d'êtres inférieurs à l'homme prouve une infinité d'êtres supérieurs.
Une calomnie dévoilée fait souvent paraître ceux qu'elle attaque supérieurs à l'idée qu'ils méritent qu'on en ait.
L'homme d'un mérite supérieur n'a souvent à redouter qu'un excès de modestie.
L'imbu a toujours assez d'estime de lui-même pour se croire supérieur aux autres.
Les femmes les plus accomplies sont aussi, en raison même de leur perfection, les plus essentiellement femmes par la manière de sentir et de penser. On en peut dire autant des hommes supérieurs : la médiocrité seule est neutre.
Que de gens vous trouvent prétentieux quand vous vous contentez de leur être supérieur !
Un homme supérieur peut avoir une sotte maîtresse : on est si bien en pantoufles chez soi.
La conversation des esprits supérieurs est inintelligible aux esprits médiocres, parce qu'il y a une grande partie du sujet sous-entendu et deviné.
Rien ne prouve autant la médiocrité de ceux qui sont à la tête des affaires que la répugnance qu'ils ont à se servir des hommes supérieurs. Le génie ne craint point les comparaisons.
Quand des êtres stupides s'enorgueillissent d'un homme supérieur, ils le font haïr.
Les hommes supérieurs sentent trop qu'ils sont forts, et pas assez qu'ils sont mortels.
L'homme supérieur ne s'enfle pas comme un ballon, d'autant plus qu'il s'élève davantage ; il en diffère aussi en ce qu'il monte seulement du vide dans le plein.
C'est une générosité obligatoire que de ne pas se croire supérieur à quiconque.
La plupart des hommes savent mieux vivre avec leurs supérieurs et leurs inférieurs qu'avec leurs égaux. L'ambition est attirée près de ceux-là, la vanité est flattée près de ceux-ci, tandis que l'intérêt éloigne des autres, avec lesquels on a des concurrences et des rivalités à soutenir.
Pour un esprit supérieur, la vie est un accident qui l'étonne ; il a peine à se bien tirer de cette aventure : les aigles sont de mauvais marcheurs.
Combien d'hommes supérieurs sont enfants plusieurs fois dans la journée !
Les jugements des supérieurs sont suspects, parce que rarement il leur est donné de voir à découvert dans l'esprit de ceux qui leur obéissent et de ceux qui les craignent.
Selon qu'on a la fortune pour soi, on est un homme supérieur ; et tout le monde admire, après, votre prudence. Le succès règle nos opinions ; qui réussit est proclamé sage ; qui échoue passe pour un sot.
Les gens médiocres copient servilement. Les esprits supérieurs commencent par imiter, et finissent par servir de modèles.
Rien ne ressemble plus à un génie borné qu'un génie supérieur en qui on découvre de la timidité.
Tel homme de politique n'est supérieur à sa fonction qu'à condition de la rabaisser.
Une femme ne saurait éprouver de sentiment profond et durable que pour un homme supérieur à elle.
Pour apprendre aisément à obéir à nos supérieurs condescendons aisément à la volonté de nos égaux en tout ce qui n'est pas mauvais.
L'universalité des connaissances est nécessaire pour être supérieur dans une partie quelconque.
Les supérieurs peuvent obéir même en commandant, s'ils considèrent que c'est Dieu qui les a mis à la tête des autres, et qui leur commande de leur commander.
Ne pensons point, tandis que nous sommes en cette vie, de pouvoir vivre sans commettre des imperfections ; car il ne se peut, soit que nous soyons supérieurs, soit que nous soyons inférieurs, puisque nous sommes tous hommes, et par conséquent tous imparfaits.
Si nous ne voulons obéir qu'à des supérieurs parfaits, il faut prier Dieu de nous envoyer des saints ou des anges ; car, parmi les hommes, nous n'en trouverons point.
L'obéissance, qui regarde les supérieurs, que Dieu a établis sur nous, est de justice et de nécessité, et se doit rendre avec une intime soumission de notre entendement et de notre volonté.
La guerre est un art pour les hommes ordinaires, et une science pour les hommes supérieurs.
Aux hommes supérieurs, il faut des femmes dont l'unique pensée soit l'étude de leurs besoins.