Tout le mal des écrivains vient de ce qu'ils se croient supérieurs à ceux qui n'écrivent pas – surtout quand ils disent le contraire – et qu'ils sont forcés de les fréquenter pour s'en persuader.
L'homme vraiment supérieur est celui qui dirige non-seulement les actes, mais jusqu'aux pensées de ceux qu'il domine de manière qu'ils puissent se croire en possession de leur libre arbitre.
L'homme supérieur a ce privilège de pouvoir choisir entre ses ennemis ceux qu'il veut bien accepter pour tels.
Supérieur, l'on te redoute ; ordinaire, l'on te contrôle ; médiocre, l'on te dédaigne ; inepte, l'on te méprise.
En quoi le singe est-il supérieur à l'homme ? — Il ne se prend pas au sérieux.
Il faut s'accommoder du monde tel qu'il est, tout en lui demeurant supérieur.
L'homme d'un mérite supérieur a toujours de nouveaux ennemis à combattre.
Quand les hommes supérieurs se trompent, ils sont supérieurs en cela comme en tout le reste. Ils voient plus faux que les petits ou les médiocres esprits.
Les hommes supérieurs doivent nécessairement passer pour méchants. Où les autres ne voient ni un défaut, ni un ridicule, ni un vice, leur implacable œil l'aperçoit.
La présomption ne tient lieu d'aucun talent. Il y a des gens qui se croient de beaucoup supérieurs aux autres parce qu'ils sont plus méchants ou plus fous.
On fait un supérieur, non pour son profit, mais pour le profit de l'inférieur.
Il est des hommes dont l'esprit est si supérieur que l'enthousiasme des autres les refroidit.
En France il est intolérable que quelqu'un qui était votre égal devienne votre supérieur, singulièrement si l'on devine en lui des qualités que l'on n'a pas.
Ce n'est jamais sans une secrète révolte de l'orgueil que l'on paye à celui qui, après avoir été notre subordonné, devient notre supérieur, le tribut d'hommage et de déférence qu'il a droit d'attendre. Par un sentiment analogue, rarement le cœur est assez généreux pour rendre entière justice à celui qui nous succède dans une fonction que nous avons remplie, ou qui obtient celle que nous désirions remplir.
Les hommes ont quelque peine à croire qu'un homme de leur siècle, un homme fait comme eux, qu'ils voient, qu'ils entendent, ait un talent supérieur ; ils s'ennuieraient à la preuve d'une si fade vérité. On souffre avec plus de patience de voir des prétentions humiliées, des talents contestés, des hommes d'esprit tournés en ridicule, si jamais ils peuvent l'être.
Un être est supérieur à un autre quand il fait un moyen de ce qui est un but pour cet autre.
La faute des hommes supérieurs est de dépenser leurs jeunes années à se rendre dignes de la faveur. Pendant qu'ils thésaurisent leur force et la science pour porter sans effort le poids d'une puissance qui les fuit ; les intrigants, riches de mots et dépourvus d'idées, vont et viennent, surprennent les sots, et se logent dans la confiance des demi-niais : les uns étudient, les autres marchent ; les uns sont modestes, les autres hardis ; l'homme de génie tait son orgueil, l'intrigant arbore le sien et doit arriver nécessairement.
L'homme, ne jugeant pas d'instinct, mais par la raison, est supérieur à toutes les créatures, c'est pourquoi il est le roi de l'univers !
Il y a des gens qui sentent avec leur vanité au lieu de sentir avec leur cœur. Si leurs supérieurs sont bons pour eux, au lieu d'être bien touchés et reconnaissants ils en sont flattés et orgueilleux.
Les gens qui se croient nos supérieurs s'imaginent que la gêne que nous ressentons en leur présence est l'effet d'une crainte respectueuse ; et ce n'est pourtant que de l'ennui qu'ils nous inspirent.
Une multitude d'êtres inférieurs à l'homme prouve une infinité d'êtres supérieurs.
Que de gens vous trouvent prétentieux quand vous vous contentez de leur être supérieur !
Quand tous les hommes sont égaux par la loi, ils veulent aussitôt être supérieurs. L'égalité est insupportable. Elle est d'autant plus désespérante qu'on ne peut en sortir que par le mérite.
L'homme supérieur ne s'enfle pas comme un ballon, d'autant plus qu'il s'élève davantage ; il en diffère aussi en ce qu'il monte seulement du vide dans le plein.
Ras le dentier de ces jeunes loups qui se croient supérieurs à nous parce qu'ils n'ont pas encore commencé à teindre leurs cheveux blancs !
Le chien se montre très supérieur à l'homme lorsque, traité par celui-ci en inférieur, il fait semblant de prendre plaisir comme lui à courir après une baballe.
Pour un esprit supérieur, la vie est un accident qui l'étonne ; il a peine à se bien tirer de cette aventure : les aigles sont de mauvais marcheurs.
Les jugements des supérieurs sont suspects, parce que rarement il leur est donné de voir à découvert dans l'esprit de ceux qui leur obéissent et de ceux qui les craignent.
Les gens médiocres copient servilement. Les esprits supérieurs commencent par imiter, et finissent par servir de modèles.
Le premier hommage que reçoit l'homme supérieur est la haine des sots.
L'universalité des connaissances est nécessaire pour être supérieur dans une partie quelconque.
Les supérieurs peuvent obéir même en commandant, s'ils considèrent que c'est Dieu qui les a mis à la tête des autres, et qui leur commande de leur commander.
Les supérieurs doivent toujours être aussi doux qu'il est possible, et se souvenir que l'on attire plus de mouches avec une cuillerée de miel, qu'avec, cent barils de vinaigre.
Ne pensons point, tandis que nous sommes en cette vie, de pouvoir vivre sans commettre des imperfections ; car il ne se peut, soit que nous soyons supérieurs, soit que nous soyons inférieurs, puisque nous sommes tous hommes, et par conséquent tous imparfaits.
Si nous ne voulons obéir qu'à des supérieurs parfaits, il faut prier Dieu de nous envoyer des saints ou des anges ; car, parmi les hommes, nous n'en trouverons point.
L'obéissance, qui regarde les supérieurs, que Dieu a établis sur nous, est de justice et de nécessité, et se doit rendre avec une intime soumission de notre entendement et de notre volonté.
Tout chef pourvu d'une autorité quelconque doit se persuader fortement que les hommes ne sont pas nés pour lui être asservis, mais que le supérieur n'est établi que pour défendre et protéger l'inférieur, de même que le passager n'est pas fait pour le pilote, mais que le pilote est fait pour le passager.
Un brave homme qui a été insulté se trouve tout de suite supérieur à celui qui l'insulte, parce qu'il peut pardonner.
En fréquentant les gens au-dessous de soi, on perd son intelligence ; en fréquentant ses égaux, on reste leur égal ; la fréquentation des hommes supérieurs mène à la supériorité.
Les gens à demi-habiles dans leurs affaires se ruinent toujours. Il vaut mieux, pour soi et pour les autres, une bien bonne et parfaite ignorance, ou un esprit supérieur.
L'homme supérieur sait les discours de ses adversaires et ses adversaires ne savent pas les siens.
Le malheur de l'égalité, c'est que nous ne la voulons qu'avec nos supérieurs.
Le mensonge est l'art des hommes supérieurs. Nous le voyons en politique. Seuls les grandes âmes, les grands caractères ont le courage de se déjuger, de faire cyniquement le contraire de ce qu'ils ont annoncé, parce que les circonstances auxquelles ils ont soudain à se mesurer les y conduisent.
Tout individu t'est supérieur par quelque côté, découvre ce côté surtout.
Le trop de lumière éblouit, et un trop grand savoir obscurcit les demi-habiles ; dans les corps savants, on veut bien des égaux, mais non des supérieurs : ainsi, pour faire partie de certaines assemblées, il faut être du niveau des autres, mais bien se garder, si l'on veut y entrer, de se montrer supérieur au corps.
Qui n'est rien et ne veut rien être, n'a ni peur de perdre son poste, ni envie d'en postuler un supérieur : c'est une économie de temps et de tourments.
Étonnants ces personnes qui, prenant des airs supérieurs, arrivent à nous faire croire qu'ils le sont.
Dans une administration, plus qu'ailleurs et autant que dans l'armée au moins, tu dois te soumettre au supérieur, voilà pourquoi tu as tellement tendance à faire chier l'inférieur. L'inférieur, c'est ta compensation, ton aspro, ta soupape.
En se vengeant, on se rend égal à son ennemi ; en lui pardonnant, on se montre son supérieur.
On est supérieur à soi-même quand on se juge, et qu'on se relève d'autant qu'on se rabaisse.