Il n'est que deux genres d'écrivains : ceux qu'on ne lit pas et ceux qu'on ne peut pas lire,disait Oscar Wilde. Un romancier, critique et écrivain français, Jean Dutourd, a écrit :
Le plus beau destin pour un écrivain, c'est de se déguiser en courant d'air. J'entends par là écrire de si bons livres, si clairs, si raisonnables, que tous les critiques les comprennent de travers. Cocteau se déguisait parfois en courant d'air, mais il prenait soin de peindre le courant d'air en bleu.
Une fâcheuse conséquence de l'injustice de leurs contemporains à l'égard de certains écrivains dont la postérité a reconnu depuis la haute valeur, c'est qu'elle autorise aujourd'hui un tas de médiocres à se poser en génies méconnus.
Souvent nous n'arrivons à apprécier à sa complète valeur un écrivain ou un artiste de talent que lorsque nous pouvons le comparer aux maladroits imitateurs que sa réputation a fait surgir.
Les écrivains de nos jours ressemblent à ces pianistes qui exécutent des impossibilités incompréhensibles, mais qui sont hors d'état d'inventer une mélodie, une ariette, une note.
La valeur d'un écrivain se mesure à la somme de pensées qu'il remue dans un siècle.
Tout écrivain a besoin d'un lecteur de confiance – quelqu'un qui a de la considération pour ce que vous faites et souhaite que le texte soit le meilleur possible. Mais il faut être honnête. C'est la condition. Pas de mensonges, pas de faux compliments, pas de louanges pour ce qui, à votre avis, ne le mérite pas.
Je ne suis qu'un écrivain qui dit, et cherche à défendre, ce qu'il aime.
On croirait certains écrivains obsédés par un cauchemar perpétuel ; ils voudraient appeler un beau rêve, mais tout grimace autour d'eux, jusqu'à l'épouvante.
Les mauvais écrivains sont de bons élèves s'évertuant à passer pour des cancres. Toutefois, il est de bons élèves qui recèlent en eux quelque cancritude, si je puis hasarder ce néologisme, c'est-à-dire un levain d'énergie grâce auquel ils se mettent dans les situations difficiles ordinairement réservées aux mauvais sujets authentiques.
L'écrivain peut quelquefois trouver un grand profit à composer cent volumes ; mais l'expérience prouve que cette fécondité coûte au lecteur tout ce que l'autre y gagne.
Ce n'est jamais de bien bonne grâce que les écrivains de profession proclament le mérite des écrivains d'occasion.
Écrivain, c'est zéro pouvoir. C'est pour ça que t'en vois plein qui passent plus de temps à essayer de se faire un réseau ou d'avoir un petit boulot de chroniqueur à la télé ou à la radio qu'à écrire. Il faut être con comme je le suis pour se consacrer exclusivement à l'écriture.
Savoir choisir sa pensée, la développer avec méthode, si ce travail se fait naturellement dans l'esprit, voilà la marque d'un écrivain bien doué. Si la pensée est élevée, si l'expression est juste, ne cherchez pas d'autres qualités, vous êtes en face d'un écrivain parfait.
Les grammairiens ont rarement du style, ils rangent les mots en ordre, l'écrivain élégant les choisit.
Ce n'est pas par les détails qu'un grand écrivain magnétise son lecteur, mais par l'esprit qui anime l'ensemble ; esprit parfois inexplicable ! Tel lecteur croit l'avoir vu dans telle page, tel autre l'a vu ailleurs. Semblable au doux bruissement d'un bois sacré, on l'entend sans voir remuer les branches et sans savoir d'où il vient.
Il est des écrivains qui fouettent toujours et ne frappent jamais.
Il est des écrivains routiniers qui écrivent avec un crayon. Le crayon ne marque plus et ils écrivent toujours !
Il y a deux sortes d'écrivains, les uns, défricheurs, laboureurs, semeurs, écrivent pour dire ce qu'ils pensent ; les autres, qui ne pensent qu'à écrire, sont les faucheurs, les moissonneurs, les glaneurs !
Un écrivain n'a pas la latitude d'être lâche, car il est une sorte de général. Dix mille lecteurs, c'est une division, principalement composée de deuxième classe.
Les écrivains véhéments sont presque toujours des gens peu sûrs de ce qu'ils pensent. D'où le tour furieux de leurs diatribes. Pour se persuader eux-mêmes, pour terrifier la galerie. Comme les lâches qui crient fort en pensant que cela leur évitera de se battre, ou que cela leur donnera du courage. L'homme vraiment fort n'élève jamais la voix.
Le plus grand mérite d'un écrivain est de pouvoir être compris de tout le monde.
Si le succès vient un jour tant mieux, mais je ferai mon œuvre sans m'inquiéter de ça. Cette soif du succès est malsaine pour l'écrivain, c'est cela qui a gâté notre génération, qui la pousse à toutes les extravagances, à toutes les folies. Les plus heureux sont ceux qui réussissent tard.
Il n'est pas bon, pour l'écrivain ou l'artiste, d'être le reflet d'un autre : le clair de lune donne aux objets des teintes plus douces, en les déformant.
On peut juger du mérite des écrivains par les critiques dont ils sont l'objet, et de leurs défauts par les éloges qu'ils reçoivent.
Le luxe des mots est, pour les écrivains pauvres d'idées, ce que sont pour les femmes maigres les toilettes bouffantes : on sent qu'il n'y a rien dessous.
Beaucoup d'écrivains, en France, donnent un tour général à toutes leurs pensées : ce sont des moralistes sans le savoir et des maximistes sans le vouloir.
Artiste ou écrivain, une femme est peu flattée de l'éloge fait de son talent, s'il n'est doublé d'un compliment adressé à sa beauté.
Les écoliers ne disent jamais ce qu'ils pensent dans leurs dissertations françaises : ils cherchent à faire plaisir au professeur, pour obtenir une bonne note. De même la plupart des écrivains ; ils cherchent à plaire au lecteur pour avoir une bonne vente.
Un écrivain qui fait des phrases est aussi insupportable qu'un homme qui pose.
Il n'est pas d'écrivain à ma connaissance qui ne cherche un tant soit peu la nouveauté dans son propos ou dans sa manière. C'est le seul moyen de tirer de l'amusement de l'écriture qui est un métier d'enfer. Le plus épais des feuilletonistes, le plus mécanique des fabricants de vaudevilles n'est jamais à l'abri du désir de se renouveler.
Les écrivains libéraux aujourd'hui ont beau jeu, le public tout entier leur sert de suppléant.
Pas d'éclat sans lumière ! La première règle que tout écrivain ne devrait pas perdre de vue.
Un bon écrivain ne peut être que celui qui écrit pour exprimer ses pensées ; celui qui pense pour écrire, peut être un bon ouvrier, mais il ne sera jamais un vrai artiste.
Nous pouvons, avec des mots, exprimer des pensées seulement. L'effet de toute description dépend de l'imagination du lecteur, et l'art de l'écrivain ne consiste qu'à la mettre en mouvement. Ceci explique l'effet que produisent les ouvrages d'écrivains célèbres, même lorsque ces ouvrages paraissent faibles. Le lecteur qui attend beaucoup de la lecture d'un livre, ne remarque pas que la grande partie de ce qu'il y trouve, est le produit de son imagination.
S'il est vrai que les livres ne sont goûtés que par quelques amis dispersés dans la foule, s'il est vrai qu'on ne les lit que pour se procurer des distractions et non des lumières, le métier d'écrivain est un cruel métier.
Les grands écrivains à la recherche des vérités éternelles sont des ouvriers se livrant à des travaux de sondage pour découvrir la source d'eau vive.
Bien des femmes écrivains ont l'orgueil des parvenus.
Être incapable d’écrire, pour un écrivain, est une chose qui nous humilie. Oui, parce que c'est l'impuissance, et l'impuissance c'est affreux. Il y a des jours où l'œuf ne passe pas du tout.
Il n'est pas mauvais pour un écrivain d'être imprudent, de se lancer dans des entreprises idiotes, d'éprouver des désespoirs amoureux, de vouloir modeler la réalité selon ses idées ou ses désirs.
L'écrivain ou l'artiste, si haut qu'il soit, peut et doit, jusqu'à son dernier souffle, progresser par quelque point. Michel-Ange avait plus de quatre-vingt-dix ans lorsqu'il fit la Pieta de Florence, et cette œuvre dernière marque, chez lui, dans la profondeur de l'émotion humaine, un progrès presque stupéfiant.
Le vrai écrivain est celui qui sait rendre avec force ce qu'il lui a suffi de sentir faiblement.