Dans certaines conditions, on est si souvent obligé d'avaler sa langue, qu'elle en devient paralysée et ne peut plus bredouiller que les vieilles phrases convenues.
Parler peu et par phrases sentencieuses est un moyen facile de passer dans le monde pour un esprit profond.
Les enfants et le peuple veulent que chaque mot, chaque syllabe ait un sens pour l'oreille ; ils ne tiennent pas à ce que la phrase en ait un pour l'esprit.
Les phrases trompent la faim ou la douleur, mais n'empêchent pas d'en mourir.
Un écrivain qui fait des phrases est aussi insupportable qu'un homme qui pose.
Il faut flanquer des coups à sa phrase jusqu'à ce qu'elle cesse d'être de mauvaise humeur. Qui aime bien châtie bien. Plus on aime sa phrase, plus on doit être impitoyable.
Deux phases fréquentes dans la vie d'une femme : elle aime et sourit ; puis elle est jalouse et pleure.
Curieux, le chagrin. Le plus authentique des chagrins se défend contre lui-même en faisant des phrases. C'est cela, peut-être, la nécessité littéraire, ce besoin vital d'écrire.
Ce n'est pas ma phrase que je polis, mais mon idée. Je m'arrête jusqu'à ce que la goutte de lumière dont j'ai besoin soit formée et tombe de ma plume.
S'il est un homme tourmenté par la maudite ambition de mettre tout un livre dans une page, toute une page dans une phrase, et cette phrase dans un mot, c'est moi.
J'ai beaucoup de formes d'idées, mais trop peu de formes de phrases.
Commencer une phrase en anglais et la finir en français, ou vice versa, est une condition du grand chic. Autrement, on paraissait commun.
À quoi bon ? Quand cette phrase-là s'empare de nous, adieu courage ! adieu vertu !
Les phrases toutes faites sont la ressource de ceux qui ne savent pas en faire.
Grâce aux phrases toutes faites sur tous les sujets, la plupart des gens ne se font pas une opinion à eux, mais choisissent entre deux ou trois opinions des autres.
Quand on a beaucoup de choses à dire, une phrase suffit.
Les phrases toutes faites sont le bureau de bienfaisance des esprits bornés.
Il y a des phrases qui sentent bon comme des fleurs.
J'aime les phrases qu'on dirait détachées de quelque invisible contexte.
Un mot pour l'autre peut changer toute une phrase, le même a quelquefois deux sens.
Les verbes sont les moteurs de la phrase.
La paresse consiste à faire circuler sa pensée dans des phrases toutes faites.
Il est des phrases qui font un plaisir passager et des blessures de longue durée.
L'amour, c'est une phrase sous un mot.
Une phrase, pour un mot, c'est une prison.
Les mots : La monnaie d'une phrase.
Caressez longuement votre phrase et elle finira par sourire.
Une phrase tendre et chantante par ci par là, comme un sourire voilé, atténuera.
J'aime ces soirs d'affaissement où il suffit de relire quelques phrases d'un écrivain aimé pour sentir se ranimer en soi les éléments de l'harmonie et se réveiller l'intelligence.
La phrase toute faite est un gros sou ; le proverbe, le dicton, sont moins qu'un gros sou.