Dans l'art dangereux de rimer et d'écrire, il n'est point de degrés du médiocre au pire.
Un sot, en écrivant, fait tout avec plaisir, il n'a point en ses vers l'embarras de choisir.
Les hommes qui écrivent des pensées diverses taillent des pierres pour bâtir, mais ils ne bâtissent pas.
C'est peu que le cœur dise d'écrire si le cœur ne dicte aussi.
Qui écrit pour se sauver est foutu d'avance.
Écrire est un privilège, c'est le privilège du pauvre.
Pour écrire, il faut, il suffit expressément que je ne pense à rien. A personne. Le désert total. Sinon, je redeviens modeste. Incapable. Comme dans la vie. Dans la rue. Voire dans le lit.
À force d'écrire sur les écrits des autres, on finit par se croire plus d'esprit qu'eux ; et, si l'on n'était pas convaincu que Jésus est Dieu, les prédicateurs ne lui trouveraient qu'un esprit médiocre.
La plume console mieux que la religion et torture mieux que l'Inquisition.
On n'est pas penseur parce qu'on écrit des pensées.
Il y a beaucoup de charme à écrire sans arrière-pensée de publier, c'est une agréable manière de converser avec soi-même.
La vie est action, écrire est mon action de prédilection. C'est la seule part de ma vie où je me sens complètement vivant et heureux d'être vivant.
Il est beau d'écrire ce que l'on pense, c'est le privilège de l'homme.
Notre seul devoir vis-à-vis de l'histoire, c'est de la réécrire.
Il est bien plus difficile de parler d'une chose que de la faire. Le premier venu peut faire l'histoire, mais il faut un grand homme pour l'écrire.
Il faut penser pour écrire, jamais écrire pour penser.
Il est des écrivains routiniers qui écrivent avec un crayon. Le crayon ne marque plus et ils écrivent toujours !
Polémistes ! soyez courts, écrivez avec des gourdins. Les bâtons longs se cassent !
La chose la plus difficile, quand on a commencé d'écrire, c'est d'être sincère.
Il y a dans l'art d'écrire quelque chose que les jolies femmes ont dans l'art de s'habiller.
Un excellent précepte pour l'art d'écrire : sachez nettement ce dont vous avez besoin, termes et expressions, et vous le trouverez.
S'écrire n'est rien : A quoi sert d'écrire quand on ne se voit pas ?
Si l'on n'écrit pas pour soi, du moins savoir à qui l'on s'adresse ; ne pas loucher en écrivant.
Celui qui écrit trop, comme celui qui parle trop, n'en pense pas davantage.
Les prix littéraires sont comme les décorations : il est aussi ridicule de les désirer que de les refuser. Chaque état a ses inconvénients. Quand on écrit, on sait bien qu'un jour ou l'autre un prix vous tombera dessus ; ce sont les risques du métier.
Nous sommes plus nous en écrivant qu'en causant parce qu'en écrivant nous sommes seuls.
Écrire consiste évidemment d'abord à mettre un peu de soi-même dans le spectacle du monde. Personne ne voit jamais les choses qu'avec ses propres yeux.
La meilleure façon de penser est d'écrire.
Un homme qui écrit bien, selon moi, c'est un homme qui a jeté par-dessus bord le coûteux préjugé du style et qui se laisse aller tout bonnement au mouvement de sa pensée.
Écrire son âge derrière son dos, ce n'est pas encore être vrai ; le vrai n'a pas besoin d'écriteau.
Il ne faut pas vouloir écrire une pensée, il faut que la pensée force notre main.
Écrire trop joliment, faire trop joliment les petites choses, insuffisance d'esprit.
Le littérateur qui sent devant lui son public en écrivant lui appartient trop ; il faut être soi, puis lui.
Un libre penseur écrivant la vie d'un saint : un poulailler qui a la prétention de loger un aigle.
Écrire, c'est renoncer au monde en implorant le monde de ne pas renoncer à nous.
Écrire l'histoire est une manière de se débarrasser du passé.
Il faut déjà être prévenu par la clarté intérieure de la pensée, lorsqu'on prend la plume pour écrire.
Bien écrire, ce n'est pas seulement écrire en accord avec le mouvement, le ton de ses sentiments, de ses idées, ce n'est pas seulement écrire en accord avec son sujet, c'est aussi écrire à sa ressemblance, de façon que qui vous lit et vous connaît, quand il vous lit, sache que c'est vous qu'il lit, sans avoir besoin d'aller à la signature.
Écrire beaucoup, c'est comme de faire beaucoup de sport. On devient très souple.
Un auteur devrait toujours changer de lieu de résidence afin de mieux écrire, car l'on écrit bien mieux en changeant souvent de place, ne fût-ce que celle de son pupitre ; autrement on s'enfonce tellement dans ses propres idées, qu'on ne voit plus ni ciel, ni terre.
De quoi sert la liberté d'écrire, si certains n'ont que des sottises à coucher sur le papier ?
Heureusement qu'il est quelquefois plus facile d'écrire une sottise que de la faire.
Le secret de l'art d'écrire est de ne pas tout dire.
Un auteur n'a point écrit en vain si son livre a pu inspirer une seule et bonne action.
Écrire pour le public est une rude besogne où l'attention est toujours en éveil pour choisir et critiquer tous les matériaux fournis par la spontanéité ; écrire pour soi, ce n'est plus travailler, c'est respirer. Respirons donc, traçons ces lignes au hasard de l'émotion et de la pensée, sans les voir naître et finir, surtout sans les relire ; que la plume sténographie machinalement le poème intérieur, triste ou gai.
L'art d'écrire correctement est inséparable de l'art de parler correctement.
À force d'écrire on parle mieux, et à force de parler on écrit plus facilement.
Quand vous écrivez pour les enfants ne vous faites point une manière particulière. Pensez très bien, écrivez très bien. Que tout vive, que tout soit grand, large, puissant dans votre récit. C'est là l'unique secret pour plaire à vos lecteurs.
J'aime trop à me relire pour écrire des choses profondes : je ne me comprendrais plus.
Les hommes écrivent pour se consoler des autres ; les femmes écrivent pour se consoler d'elles-mêmes.
Je le répète à chaque instant, à qui veut l'entendre : Le vrai talent littéraire, c'est d'écrire des livres comme on écrit des lettres, absolument. Tout ce qui n'est pas cela n'est que pathos, pose, rhétorique, enflure. Se laisser aller, ne pas chercher ses phrases, se moquer des négligences de style même, le ton de sincérité et de naturel y gagnera.
Les deux ou trois fois qu'il m'est arrivé qu'on me parle de ce que j'ai écrit, je n'ai jamais pu m'empêcher de presque éclater de rire !
Les femmes sont faites pour vivre les romans, non pour en écrire.
On pense et on écrit sur l'amour selon les expériences qu'on en a eues et selon ce qu'on y a été soi-même.
Il n'y a que les gens qui écrivent qui sachent lire.
La page blanche me fait peur, mais dès que j'ai pris la plume, tout s'en va.
Chacun aujourd'hui veut écrire, moi, j'estime qu'il vaudrait mieux vivre. Il y a déjà trop de livres ; il en paraît, à Paris, cinquante par semaine qu'on ne lit pas, et qui vont jaunir sur les quais de la Seine.
Écrire a toujours été inséparable pour moi d'un art de vivre : du style avant tout, une esthétique de l'existence, la jouissance des petites choses, l'espérance des grandes.
Écrire est le moyen de parler lorsqu'on n'espère pas d'être écouté.
J'écris seulement pour exhaler la douleur intérieure dont se nourrit mon cœur.
Qui sait lire et écrire a quatre yeux?