La solitude, le silence, la nuit, voilà ce qui m'inspire ! l'amour et l'amitié, ce sont là mes tourments ! Dieu, la religion et la foi, voilà ce qui me console ! l'injustice, voilà ma colère ! la mélancolie, voilà mon élément ! la douleur, voilà toute ma vie !
Une famille troublée par le danger subit d'un malade n'a pas le temps de sentir d'abord sa douleur tout entière, parce qu'elle court et s'agite comme l'équipage d'un navire en danger ; mais c'est après la mort qu'un étonnement profond la saisit et une indicible stupeur de voir l'absence de la vie et du mouvement.
Si nuls sanglots ne rappellent à la vie ce qui n'est plus ; si le destin est immuable, à jamais fixe dans ses lois que les plus touchantes misères ne sauraient changer ; si enfin la mort ne lâche point sa proie, cessons une douleur qui serait sans fruit. Soyons donc maîtres et non pas jouets de sa violence. Le pilote est déshonoré, si les flots lui arrachent le gouvernail, s'il abandonne les voiles que se disputent les vents et livre à l'ouragan le navire ; mais au sein même du naufrage, admirons celui que la mer engloutit ferme à son timon et luttant jusqu'au bout.
Le regret est plus insupportable que la douleur parce qu'il y a le remords au fond.
Il y a des gens qui se nourrissent de leur douleur au point qu'ils en engraissent.
Ce qui doit mettre en garde contre l'exagération dans la première phase de la douleur, c'est que toujours, et quoi qu'on fasse, le temps fait baisser le ton.
Une petite fente assourdit la cloche, une grande en augmente la sonorité. Ainsi la douleur sur l'âme !
Le désespoir est païen, la douleur est chrétienne.
Comme l'amour, la douleur pénètre toujours plus avant dans le cœur.
Sois hardi avec la vie, doux avec la douleur, soumis avec la mort.
La mélancolie, c'est l'automne de la douleur.
Au milieu des tourments la douleur est immense, pour qui vit seul et qui souffre en silence.
Celui que grandit la douleur trouve son fond de douceur dans son mal, c'est la souffrance dorée.
La douleur a quelquefois besoin de rugir, comme la bête féroce : c'est le duel qui commence entre elle et nous.
Qu'elles sont bonnes les larmes à la douleur, comme à l'enfant le sein plein de lait ! Et quand elles se tarissent ne doit-on pas éprouver l'amertume d'un enfant qu'on sèvre ? Car il aime toujours autant le sein sans lait.
La douleur a beau nous montrer qu'elle nous aime, nous, nous ne l'aimons pas.
Après une grande douleur, rien ne nous étonne plus, si ce n'est de l'avoir supportée.
La douleur et la joie n'ont qu'un sillon : le cœur.
La douleur qui se compare est déjà sur le chemin de la résignation.
Dans la douleur, derrière tout ce que nous pouvons dire, il y a tout ce que nous devons taire.
On sort de la douleur comme on sort d'un antre obscur, toujours un peu surpris.
Sur la litière de la douleur on fait encore des envieux.
La douleur est comme la noblesse, elle n'accepte de comparaison qu'avec ses pairs.
Étrange effet de la douleur : je suis bien où j'étais mal, je suis mal où j'étais bien.
Chaque douleur que je supporte me laisse dans l'âme un orgueil inconscient dont mon humilité ne rougit pas.
Une grande douleur creuse dans l'âme un puits où toutes les eaux amères d'alentour viennent verser leur âcre tribut.
Souffrants, nous avons souvent changé de position dans notre lit de misère, la douleur n'a pas lâché prise.
Qu'elle est belle aux yeux du ciel, la douleur qui s'oublie pour la douleur d'un autre !
Apprécie ce que la douleur t'a laissé : quand le mal est passé, le mal est doux.
Puisque la douleur toujours victorieuse est notre lot, apprends l'art de la désarmer : et la transfigurant par la douceur pieuse qui fait d'elle un archange, on arrive à l'aimer.
Ce n'est pas la mort qui est violente, c'est la vie. La douleur entre avec nous au berceau, et elle ne nous quitte plus.
Réprimer l'élan du cœur, c'est mieux compter ses battements, la douleur pesée est plus noble que la douleur criée.
Douleur et noblesse : Cette homme est bassement heureux. Ne te hâte pas de le plaindre. Il n'a sans doute que ce qu'il mérite. La douleur choisit ses amants.
Toi, tu es entré dans ton agonie le jour où tu es né, et le sceau de la douleur t'avait marqué au front dans le sein de ta mère. Viens, nous respecterons ta peine et nous tâcherons d'en alléger le poids.
La douleur qui nous fait passer la nuit en veille nous rend triste comme le pélican du désert.
Sainte douleur, feu purifiant, dévore l'esprit d'indépendance et de vanité jusqu'à la racine.
La douleur est un siècle, et la mort un moment.
La douleur qui se nourrit de douleur n'en devient que plus amère.
S'il y a courage à supporter la douleur, il y a faiblesse à lui rendre les armes, et à se tenir courbé sous son joug. Il vaut mieux l'épancher sur un cœur ami dont la parole sera pour elle un baume tempérant.
En toute situation les femmes ont plus de causes de douleur que n'en a l'homme, et souffrent plus que lui. L'homme a sa force et l'exercice de sa puissance ; il agit, il va, il s'occupe, il pense, il embrasse l'avenir ; il y trouve des consolations ; mais la femme demeure, elle reste face à face avec les chagrins dont rien ne la distrait, elle descend jusqu'au fond de l'abîme qu'il a ouvert, le mesure et souvent le comble de ses vœux et de ses larmes.
Cette douleur des âmes fortes, qui ne se répand pas au dehors et qui s'alimente de son silence, est la plus dangereuse et la plus terrible ; au lieu de filtrer goutte à goutte par la voie des larmes, elle s'amasse dans les profondeurs de la poitrine, et ce n'est que lorsque la poitrine se brise que l'on voit les ravages qu'elle a produits.
La tristesse est au fond des joies de l'homme : la nature attache une douleur à tous ses plaisirs, et quand elle ne peut refuser le bonheur, par un dernier artifice elle y mêle la crainte de le perdre.
La douleur lentement m'entr'ouvre le tombeau : Salut, mon dernier jour ! sois mon jour le plus beau !
À la pointe de la douleur physique l'on peut s'évanouir ; à la pointe de la douleur morale, en dehors du suicide, il n'y a pas de recours.
Etouffer, ou engourdir la douleur ; la rendre inoffensive comme un serpent familier.
Tous les jours de l'homme sont tissés par la douleur.
Il n'y a personne en ce monde qui n'ait ses peines : les dieux ont voulu qu'un plaisir fût toujours suivi de quelque douleur.
On ne peut pas plus partager en réalité une douleur morale qu'il n'est possible de partager une douleur physique.
Il ne faut pas faire de la douleur un idiome étranger, si l'on est Français, il faut pleurer en français.
Il n'y a réellement que la douleur qui soit à nous, tout le reste, y compris nos joies, est à autrui.
Si la tristesse est une faiblesse, la douleur est une force à qui sait s'en servir.
La douleur est fière, et rend fier le cœur qu'elle remplit.
La douleur est l'aiguillon de la pensée : l'excès des souffrances se repliant sur elles-mêmes, pousse la réflexion jusque dans ses derniers refuges : Elle considère toutes les faces, combine toutes les possibilités, et portant vers leurs extrêmes, développe en nous des forces, des idées, des ressources, qu'un sort plus propice eût laissées dans l'inaction.
En courant après le plaisir, on attrape la douleur.
Il y a toujours une douleur cachée au fond de chaque joie mauvaise.
Dans la joie et dans la douleur, le cœur comme un vase, a sa mesure ; une fois plein, une feuille de rose ou une goutte d'absinthe le feront déborder.
Pleurer en public est le comble de la douleur ou de l'effronterie.
Il n'est pire douleur qu'un souvenir heureux dans les jours de malheur.
La nature loge la douleur à l'endroit d'où elle chasse le plaisir.
Le courage est la noblesse de la douleur.
Mieux vaut avoir des douleurs que des remords?