Il faut toujours un peu flatter les Français, non seulement en paroles, mais en paraissant donner la préférence à leur pays, à leurs manières et à leurs usages ; c'est payer bon marché pour une bonne réception.
Les Français clament leur foi en l'avenir mais ne cessent de se réfugier dans le « c'était mieux avant », ils réclament toujours des réformes mais s'y opposent systématiquement dès que quelqu'un s'efforce de les mettre en place, ils aspirent à la révolution mais élisent un roi, ils vomissent les partis mais votent pour eux, ils jouent au loto mais haïssent les individus liés à l'argent.
La maladie incurable des Français est de pousser les sentiments jusqu'à l'extrême ; ils sont beaucoup moins inconstants dans leurs goûts, qu'on n'affecte de le dire.
Quels animaux étranges que les Français ! Ils ne parviennent pas à admettre que l'on soit sincère dans les critiques que l'on fait à un adversaire politique. Ils pensent que l'on dénigre tout systématiquement !
Français, j'ai mes défauts, ils sont connus, je ne les nie pas. Mais n'oublions pas les autres, je les ai aussi. C'est même la grande variété de mes défauts qui m'empêche d'être mauvais. Car ils m'obligent, pour les satisfaire, à les corriger l'un par l'autre, l'avarice par la prodigalité, l'orgueil par le défaitisme, la vanité par la bassesse qui tantôt me pousse à la soumission, tantôt à la révolte.
Le Français aime avant de réfléchir, mais quand il se met à réfléchir il n'aime déjà plus !
Le Français est à la fois le plus vaniteux des peuples et celui qui se diffame le plus volontiers.
Le Français serait bien fâché de ne pas avoir un gouvernement à charger de ses propres fautes.
La contradiction étant le propre de l'homme, c'est être deux fois homme que d'être Français.
Les Français ne deviennent un peuple si méchant (et un si méchant peuple) que parce qu'il y a de moins en moins de travailleurs manuels. Tout le monde est rond-de-cuir. Et le rond-de-cuir est un animal immonde, un atroce petit-bourgeois au sens du XIXe siècle. Quelle tristesse, tous ces honnêtes ouvriers, ces artisans intelligents et heureux qui deviennent de méchantes gens parce qu'ils ne se servent plus de leurs mains !
On reconnaît la place que le Français tient dans la société à la nature de son canapé : devant la télé pour les plus modestes ; à la boutonnière pour les plus décorés.
Écouter un Français qui parle, c'est devenir son ami.
Le Français ne peut pas se passer d'un gouvernement ferme, sérieux, régulier et surtout un peu personnel, pour qu'il ait une cible à cribler ; la république ne remplit aucune de ces conditions : il en a peur ou s'en moque.
Les Français sont ces gens impossibles qui répètent qu'impossible n'est pas français.
Si j'ai envie d'être français, de le rester, de persévérer dans mon être de Français, c'est parce que la France est ma mère et que je suis fier d'elle parce que, en quinze siècles, elle s'est façonné une âme plus belle et plus grande que toute nation.
Les étrangers auront beau dire, la réplique est de race française.
Le Français s'écoute, l'Anglais se mesure, l'Allemand se pèse, l'Italien se mire, l'Espagnol se glorifie.
Les Français se détestent entre eux, mais ils aiment la France.
Le caractère des Français est un composé de bonnes et de mauvaises qualités.
Singulier exemple du caractère français, de son insouciance, de sa gaieté, de son aptitude au plaisir, dans toutes les situations de la vie.
À moins de changer les Français, il n'y a rien à changer en France.
Les gens de La Nouvelle-Orléans sont des Français de vieille souche dans un genre ancien, fané et poussiéreux. On les dirait échappés d'un triste musée de province.
Les Français d'intelligence moyenne ont trois choses qui m'exaspèrent : l'amour de Molière, la haine de la musique savante et la persuasion d'avoir une gaieté à eux.
Vaniteux et crédule, le Français imagine toujours qu'il est l'être le plus intelligent de la planète.
Le Français ne se départ jamais de son sexe, même dans les cas critiques.
La France est formidable, mais les Français sont des lavedus.
Quand un coup foireux se déclare dans le monde, le Français joue des coudes pour en être.
Après le Russe vulgaire, rien n'est plus désagréable que le Français vulgaire. Plus j'en vois, moins je les estime. C'est de l'écume, avec rien dessous. Ou mieux encore, c'est de faux bijoux ; faux or, fausses pierreries, fausses breloques, toujours le clinquant, le plaqué, le frelaté. Tout est en dehors, pour la galerie, pour l'apparence. Il faut avoir l'air bien né et bien élevé, l'air bien placé, l'air de recevoir, l'air d'avoir vu le grand monde, il faut cacher son ignorance, sa gêne, son extraction, son domicile, toutes ses petitesses. Se donner des airs est donc le grand point ; faire figure, faire illusion, faire effet, paraître plus qu'on est, c'est la démangeaison nationale. Tout un peuple passionné pour le fard, pour le pompon et le ruban, pour la frisure et la fiction : c'est curieux. De là l'antipathie universelle pour la vérité qui dérange tout ce convenu. Le jour naturel fait paraître hideux toute cette beauté maquillée du monde des coulisses, toutes ces grâces et ces agréments lustre et du quinquet. Grattez le Français, vous trouverez un pauvre petit comédien fané, qui paraît quelque chose sous les feux de la rampe, mais peu de chose à la clarté du soleil. Il veut duper sans être dupe, car il a de l'art et de l'esprit. Mais il se dupe lui-même, son amour-propre l'empêchant de voir qu'on rit de lui.
Si l'Assemblée nationale est le cerveau de la France, c'est un cerveau déjà mangé par les vers. Il y a dix-neuf mois qu'ils ont ébauché une machine appelée par eux Septennat ; voici dix-neuf mois qu'ils s'interrogent sur le nom et sur la chose ; ils emploieront leurs sept ans à chercher la définition de leur sottise. Et ils ne voient pas qu'on ne rit plus d'eux, parce qu'ils ennuient et dégoûtent, comme les bégaiements d'un idiot.
Les Français ont une malheureuse prétention, c'est de vouloir qu'aucune éventualité ne les prenne au dépourvu, et de croire qu'il n'y a pas d'entreprises au-dessus de leurs forces et de leur courage. C'est de cette prétention que naît leur faiblesse.
Nous, les Français, nous avons une telle peur d'être dupes des autres que nous finissons par l'être de nous-mêmes, et que la défiance nous coûte plus cher que la crédulité.
La raillerie est le principal travers du caractère français et le plus incorrigible ; le Français commence par douter et se moquer de tout ; il se rirait de la balle d'une arme à feu déchargée à bout portant sur sa poitrine, et ne croirait pas qu'elle puisse donner la mort si les armes à feu avaient été inventées la veille ou le matin.
Ce qui caractérise le peuple français, c'est un admirable esprit d'à-propos qui sait revêtir toutes les formes les plus simples, les plus brillantes, les plus caustiques ; c'est un sens droit, c'est un sens prompt à saisir toutes choses : précieux et puissant ressort qu'on n'a pu réussir à briser, mais dont de maladroits gouvernements n'ont pas su se servir.
Le Français est toujours prompt à se scandaliser de tout succès rapide.
Le Français moyen a naturellement la radio ; il est atteint de radiochronite aiguë, affection qui consiste, lorsqu'on a pu obtenir un poste, à tourner les boutons de l'appareil pour en obtenir un autre et ainsi de suite de manière à rendre toute audition impossible.
Le Français moyen adore le cinéma, il s'y rend chaque semaine et, pendant la projection du film, il explique à haute voix ce qui va se passer à ses amis et connaissances.
Le Français moyen est badaud par essence et par définition. Quand deux voitures se tamponnent, c'est lui qui donne à l'agent tous les détails de l'accident, qu'il n'a d'ailleurs pas vu, et il s'en va en disant : Tant que le radiateur n'est pas dans la lanterne arrière, il n'y a pas de mauvais sang à se faire.
Le Français moyen est le piéton par excellence ; aussi traverse-t-il les passages cloutés installés à son intention, avec une sage lenteur et la conscience de son omnipotence ; il traite les chauffeurs pressés d'espions et de figure de peau de fesse. D'ailleurs, ces mêmes injures lui resservent lorsque d'aventure il prend un taxi, mais, alors, il les destine aux piétons pour lesquels, à ce moment, son mépris n'a plus de limites.
Le Français moyen professe par-dessus tout le respect de l'ordre et de la morale officiellement établis ; son livret matricule porte, d'une manière générale, le signalement suivant : Taille : moyenne. Front : moyen. Yeux : indécis. Nez : moyen. Menton : rond. Visage : ovale. Signe particulier : néant. Observations : ne sait pas nager. Les autres organes ne sont pas mentionnés, mais il est probable qu'ils ne dépassent pas la moyenne honnête à laquelle tout Français moyen peut prétendre.
Le Français moyen a des opinions politiques très arrêtées. Il estime que la République est indéfectible, que ceux de la droite ont raison, ceux de la gauche aussi et que ceux du centre ont la notion du juste milieu.
Le Français moyen offre cette particularité de ne présenter aucune particularité marquante. Il n'est pas anthropophage, quoique carnivore, ce qui ne l'empêche nullement d'être herbivore et ruminant à l'occasion.
Ils sont des millions de Français qui adorent la France, mais ce n'est jamais la même.
Le Français aime à grincer et à médire.
Les femmes sont légères, comme les Français sont nés malins. Ces deux axiomes sont de même ordre. À force de se les entendre chanter, les unes et les autres ont fini par y croire. J'ai connu des Françaises légères dont les légèretés auraient écrasé un éléphant, et je connais de malins Français à côté de qui Gribouille, la Palisse et Jocrisse sont de rusés compères.
Le Français se contente de l'apparence, et le bien dire chez lui remplace le bien faire.
Le désordre convient fort bien aux Français, il force leur imagination.
Les Français ont eu longtemps un ridicule, c'est la prétention d'être invincibles.
Est anglais qui peut ; est français qui veut. Toute la différence est là !
Les Français ne savent pas ce qu'ils veulent.
Les Français ne conçoivent guère le pouvoir ; ce qui leur est familier, c'est l'abus de pouvoir.
Les Français sont charmants, et surtout les Françaises.
Comme disent les Français, dans le cochon tout est bon, même l'intérieur.
Les Français naissent légers, mais ils naissent modérés.
Le Français a l'ironie, et c'est ce qui lui donne son piquant.
Le Français travaille pour vivre et s'amasser une retraite ; l'Allemand frémit à cette idée de retraite et vit pour travailler.
Ce qui domine dans la nationalité française, c'est l'élément géométrique ; dans la nationalité allemande, c'est l'élément métaphysique ; dans la nationalité italienne, l'élément artiste. Les Grecs, ces enfants gâtés de la nature, avaient tout réuni.
Les Français sont des légitimistes qui ont horreur des gens en place.
Les Français adorent la hiérarchie tout en souhaitant l'ordre alphabétique.
Un penchant des Français de toujours croire qu'on plaisante.
La France, c'est le français quand il est bien écrit.
Il faut, lorsqu'on gouverne les Français, ne pas oublier qu'ils sont individualistes.
Les Français sont jaloux de leurs maîtresses, et jamais de leurs femmes.
L'Anglais a les préjugés de l'orgueil, et le Français ceux de la vanité.
Les Français ressemblent aux abeilles ; on leur prend leur miel et leur cire, et le moment d'après elles travaillent à en faire d'autres.
Les Français parlent vite et agissent lentement.