Après le Russe vulgaire, rien n'est plus désagréable que le Français vulgaire. Plus j'en vois, moins je les estime. C'est de l'écume, avec rien dessous. Ou mieux encore, c'est de faux bijoux ; faux or, fausses pierreries, fausses breloques, toujours le clinquant, le plaqué, le frelaté. Tout est en dehors, pour la galerie, pour l'apparence. Il faut avoir l'air bien né et bien élevé, l'air bien placé, l'air de recevoir, l'air d'avoir vu le grand monde, il faut cacher son ignorance, sa gêne, son extraction, son domicile, toutes ses petitesses. Se donner des airs est donc le grand point ; faire figure, faire illusion, faire effet, paraître plus qu'on est, c'est la démangeaison nationale. Tout un peuple passionné pour le fard, pour le pompon et le ruban, pour la frisure et la fiction : c'est curieux. De là l'antipathie universelle pour la vérité qui dérange tout ce convenu. Le jour naturel fait paraître hideux toute cette beauté maquillée du monde des coulisses, toutes ces grâces et ces agréments lustre et du quinquet. Grattez le Français, vous trouverez un pauvre petit comédien fané, qui paraît quelque chose sous les feux de la rampe, mais peu de chose à la clarté du soleil. Il veut duper sans être dupe, car il a de l'art et de l'esprit. Mais il se dupe lui-même, son amour-propre l'empêchant de voir qu'on rit de lui.