Une idée, cela nourrit, cela désaltère, cela tient chaud en hiver, cela rafraîchit dans les chaleurs, et puis cela a des yeux, une bouche, une langue, cela parle, cela rit, c'est une compagnie.
Une bonne idée est féconde comme une bonne terre.
Quand des idées qui ont préoccupé les esprits touchent à leur fin, elles restent dans quelques têtes, et s'y changent en manie et en imbécillité.
La contagion des idées et des mots est chez les Français d'une rapidité extraordinaire. Chez un peuple prompt et communicatif, l'idée qui occupe quelques esprits est bientôt l'idée qui les occupe tous : le mot qui est dans quelques bouches est bientôt dans toutes.
Quand deux amoureux sont occupés par des idées auxquelles ils sont étrangers l'un et l'autre. Lorsqu'on en est là, le mal est bien près d'être sans remède.
La femme possédée par une idée ne la laisse entamer par rien, et la poursuit imperturbablement à travers tous les obstacles dont vainement on voudrait l'arrêter.
Dans un âge où l'homme n'a encore nulles véritables idées, toute la différence qui se trouve entre celui qui a du génie et celui qui n'en a pas, est que le dernier n'admet que de fausses idées, et que le premier, n'en trouvant que de telles, n'en admet aucun.
Tout le monde ne peut pas avoir la même somme de désirs et d'idées.
Un trait d'esprit annonce toujours la mort d'une idée.
Tolérer toutes les idées n'est pas les cautionner.
Il est nécessaire, ou plutôt inévitable, d'avoir des idées, oui, comme des yeux ou des mains ; mais, pour réussir à les avoir, il faut ne pas être possédé par elles.
Le temps dans sa marche immuable détruit tout, il modifie même les idées des hommes.
Un homme qui a le cerveau plein d'idées ne pourrait pas plus les garder que la femme enceinte le fruit qu'elle porte dans son sein : arrivé au terme, il faut les déposer.
Il est des caractères organisés de façon à vouloir toujours substituer leurs idées à ce qui existe.
L'empressement que chacun met à faire adopter ses idées montre assez qu'il les croit préférables à celles des autres.
Nos idées se succèdent les unes aux autres, et se chassent mutuellement, de même que les jours composant notre vie.
La diversité des objets qui frappent l'homme, ne lui donne guère le temps d'avoir des idées suivies.
Les idées font trois petits tours et puis s'en vont, et la Seine les emporte sous ses ponts.
On saute joyeusement du lit, des idées plein la tête, et crac ! rien n'en sort : Mirages mentaux.
Ceux qui n'ont pas d'idées en empruntent à ceux qui en ont. Chacun dit à peu près la même chose, et voilà pourquoi l'esprit court les rues.
Au jour des grandes crises, la fièvre des idées est salutaire.
Toute grande idée qui apparaît dans le monde comme un évangile, est d'abord un scandale pour le peuple des sots et des pédants, et une folie aux yeux des esprits cultivés, mais superficiels.
On aime à retrouver ses idées dans un livre plutôt qu'à y découvrir des idées nouvelles. On ne lit pas l'auteur, on se lit soi-même.
Une idée qui évolue est un centre organique qui s'agglomère.
Les idées fausses se rectifient forcément dans la pratique ; les excès commis sont des taches ineffaçables sur les pages de l'histoire.
Si l'homme change d'idée comme de chemise, ceux qui ne varient jamais dans leur vision du monde doivent avoir du linge bien sale.
Si la matière grise était rose, personne n'aurait plus d'idées noires.
Une sensibilité extrême, refoulée dès l'enfance, demeurée enfermée dans le coin le plus secret du cœur. Le monde ne vit plus, pour jamais, que les idées.
Une idée sublime, profonde, est un lingot ; une idée fine est une pièce d'or ou d'argent.
Toute idée est un diamant à mille facettes : voilà pourquoi lorsque deux hommes discutent de bonne foi, ils ont, le plus souvent, tous deux raison et tous deux tort ; raison, en ce que chacun d'eux voyant effectivement un des aspects du vrai énonce une vérité relative ; tort, en ce que chacun prétend exprimer une vérité absolue et l'imposer comme telle à son interlocuteur. Dans un diamant taillé, toutes les facettes sont vraies, aucune n'est la vraie.
Semons, mais ne plantons point les idées nouvelles. Plantées, elles donnent trop vite des fruits qui tombent et ne valent rien. Semées, au contraire, elles subissent la sage lenteur du temps qui ne respecte que ce qu'il fonde et développe.
Tout homme qui croit avoir une idée utile aux hommes et qui ne la publie pas, autant qu'il est en lui, est un lâche, si c'est par peur, et un malhonnête homme si c'est par indifférence ou par calcul.
Les plus grands ennemis d'une idée nouvelle sont ceux qui dînent et qui soupent d'une idée ancienne que l'idée nouvelle vient détruire.
Comportons-nous avec une idée nouvelle, comme avec une chaussure neuve : essayons-la ; prenons le temps de nous y accoutumer ; et nous verrons, souvent, que cette idée ne nous blessait, d'abord, que parce qu'elle était neuve.
Il y a dans la vie des situations insolubles qui sont la déroute des idées admises.
Durant les embouteillages de la parole, beaucoup garent leurs idées en double file.
La monotonie des idées naît de l'indigence de l'esprit, comme la variété des produits naît de la richesse du sol.
Il y a des gens qui s'occupent de grandes choses avec de petites idées ; leurs systèmes sont aussi mesquins que leur esprit est étroit : chacun coupe à sa taille l'étoffe qu'il doit porter.
On se fait quelquefois des idées qui n'ont rien de fondé.
Quand on est à la source de certaines idées premières, il faut bien se garder de se désaltérer plus bas.
Les idées vulgaires soulevées pendant le bonheur produisent l'effet de cheveux trouvés dans un mets appétissant.
L'esprit actif amène les idées, le flâneur les saisit au passage.
Les hommes couvent des idées, comme les oiseaux couvent des œufs qui ne sont pas toujours de leur provenance.
L'objection est à l'idée ce que le poids dans la balance est à l'objet qu'il sert à peser. Par la force ou la faiblesse des objections, on juge de la justesse ou de la fausseté des idées.
Une belle idée qui n'aboutit pas vaut mieux qu'une mauvaise qui voit le jour.
Respectez les hommes, combattez uniquement les idées.
De frotter l'idée à son contraire naît toujours quelque étincelle.
Les idées sont des fonds qui ne portent intérêt qu'entre les mains du talent.
Les idées de la veille font les mœurs du lendemain.
Les grandes choses amènent les grandes idées, et les grandes idées les grands mots.
La langue n'est pas le pays des idées, elle n'en est que le passage.
Les idées sont comme les hommes ; elles dépendent de l'état et de la place qu'on leur donne.
Les idées sont précisément comme la barbe ; elle n'est point au menton d'un enfant : les idées viennent avec l'âge.
Le siècle présent n'est que le disciple du siècle passé. On s'est fait un magasin d'idées et d'expressions où tout le monde puise.
On voit des gens qui ne se défont pas facilement de leurs mirages traîner toute leur vie des idées fausses qu'ils n'ont pas su répudier à temps et qui empêtrent leur esprit alors même qu'elles leur sont devenues tout à fait étrangères, comme il arrive dans les vieux ménages indissolubles et d'autant plus désaccordés.
Les idées se présentent toujours comme de profil et du plus beau côté, le plus aigu pour se faire admettre plus vite. Puis, elles tournent ou on les tourne et on les aperçoit sous un angle beaucoup moins engageant. Il est temps de les abandonner avant de se laisser enliser davantage, tout de suite, sans trop les caresser.
L'échange des idées est aussi indispensable aux peuples que l'échange des substances.
Les bonnes idées n'ont pas d'âge, elles ont seulement de l'avenir.
Toute idée devient fausse au moment où l'on s'en contente.
Si elles ne s'affûtent pas à d'autres idées, les idées s'émoussent.
Un homme sérieux a peu d'idées ; un homme à idées n'est jamais sérieux.
Publier vos idées si vous croyez qu'elles puissent être utiles, c'est un devoir.
Il est des idées qui ressemblent à des traits jaillissant de l'Infini.
Il est rare que les jolies femmes aient le goût des idées dangereuses.
Rien de tel qu'un imbécile pour avoir une idée originale et, bien entendu, imbécile.
Les idées précises conduisent souvent à ne rien faire.
Fais ta vie loin des idées reçues, dans la nuit des choses mal perçues ; par les autres mauvaises pour toi, fais ta vie marche droit, tu verras !
La poésie est dans les idées ; les idées viennent de l'âme.
Je n'aime pas la conversation d'idées, ça m'assomme.
Ne vous échauffez jamais dans une discussion, laissez à chacun ses idées.
Tout arrive par les idées ; elles produisent les faits, qui ne leur servent que d'enveloppe.
La netteté naît de l'ordre des idées?