L'amour et l'amitié n'ont rien de commun dans leur marche. L'amour, plein d'activité et de feu dans sa naissance, diminue chaque jour par la jouissance, et s'éteint avec le temps ; l'amitié, au contraire, faible dans son commencement, prend chaque jour de nouvelles forces ; plus elle est ancienne, plus elle est ferme et durable. L'amour s'allume à la seule vue des objets ; c'est plus leur qualité extérieure qui le détermine d'abord, que toute autre chose ; ses démarches sont autant de caprices, et son choix très souvent une preuve de son aveuglement ; l'amitié n'est point aussi rapide, ce n'est qu'après beaucoup de connaissances et de rapports intimes qu'elle se forme, elle est toujours éclairée et raisonnable.