Victor Cherbuliez - Les pensées choisies extraites de ses œuvres (1889)
La sagesse est lumineuse, elle ne se flétrit pas, elle se laisse voir facilement à ceux qui l'aiment, elle se laisse trouver par ceux qui la cherchent. Elle va d'elle-même à ceux qui la désirent, elle leur fait les avances. Celui qui se lèvera au point du jour pour la rencontrer, n'aura pas de peine à y parvenir : en sortant, il la trouvera ; elle est assise à sa porte, elle l'attend.
La Bible - Le livre de la sagesse - Ier s. av. J.-C.
La sagesse consiste à savoir sacrifier une partie de ses opinions, de ses intérêts et de ses volontés pour sauver le reste.
La sagesse défend de juger sur de simples apparences, d'ajouter foi à tout ce qu'on entend, de faire tout ce qu'on peut, de dire tout ce qu'on fait, et de dépenser tout ce qu'on a. On trouve pourtant quelquefois de rigides observateurs des premières de ces maximes, qui, par malheur, ont négligé d'observer la dernière.
La sagesse est égoïste, elle aime à jouir ; la vertu est généreuse, elle aime à faire jouir. Ô vous qui souffrez, recherchez les vertueux et fuyez les sages, ces invalides chauves de la vertu !
La sagesse et la vérité, en nous éclairant, rendent notre amour-propre plus habile, et nous apprennent que nos véritables intérêts sont de nous attacher à la vertu, et que la vertu amène les doux plaisirs de l'amitié.
La sagesse serait sans mérite chez un homme né sans passions : où il n'y a pas de combat, il n'y a pas de victoire ; où il n'y a pas de victoire, il n'y a pas de triomphe ; et où il n'y a pas de triomphe, il n'y a pas de mérite.
La sagesse est cette rare concordance, cette heureuse harmonie des facultés et des désirs que la nature, en ses jours de largesse, accorde aux hommes d'élite, et qui produit en eux une liberté d'âme parfaite.
La sagesse n'a rien d'austère ni d'affecté, c'est elle qui donne les vrais plaisirs. Elle seule sait les rendre purs et durables ; elle prépare le plaisir par le travail, et elle délasse du travail par le plaisir.