Constituer un nouveau gouvernement, c'est comme faire un puzzle avec les morceaux d'un kaléidoscope.
Les gouvernements ont l'âge de leurs finances, comme les hommes ont l'âge de leurs artères.
Tout ce que fait ce gouvernement sent le provisoire, parce qu'il ne croit peut-être pas en lui-même.
L'intérêt d'un gouvernement est de tout réunir, l'intérêt d'un parti est de tout diviser ; le gouvernement survit à tout, parce qu'il se fortifie sans cesse en ralliant tout à lui ; le parti meurt, parce qu'il est de son essence de ne pas vouloir de recrues : le parti vit de vengeance, et le gouvernement de clémence.
L'esprit de parti tend à isoler un gouvernement, en ne le rendant favorable qu'à l'intérêt de quelques-uns ; le gouvernement, au contraire, sait, en consultant la raison, qu'il n'est entouré de l'amour universel qu'en donnant une égale espérance à tous, et qu'il ne réunit la majorité des vœux qu'en favorisant la majorité des intérêts.
Le plus paisible des gouvernements est toujours le plus heureux et le plus durable.
L'indécision est le péché qui est châtié le plus durement. Lorsqu'un gouvernement est indécis, il fait des coups de force à contretemps.
Les bons gouvernements sont les gouvernements où rien ne se passe.
Tout gouvernement a ses jaloux, ses adversaires, ses conspirateurs, qu'il ne connaît pas, outre ceux qu'il connaît ; et les plus dangereux de tous, ce sont les premiers.
Le gouvernement d'une nation est une roue qui tourne à laquelle chaque époque donne la couche de peinture qui lui plaît.
Un gouvernement fort et habile, qui désire s'établir et durer, se légitimer enfin, n'y peut réussir qu'en s'emparant successivement des hommes les plus capables, — sur quelque banc qu'ils siègent, à quelque parti qu'ils aient appartenu, — aux seules conditions d'une supériorité reconnue et d'une moralité non contestée. Distinguer toutes les notabilités dans toutes les spécialités, et les absorber dans le gouvernement, ce serait, je l'ai déjà plusieurs fois dit, priver les partis de toutes les forces dont s'accroît le pouvoir ; ce serait appauvrir, déconsidérer, dissoudre l'opposition, et en même temps enrichir et ennoblir le gouvernement ; ce serait centupler son autorité par le plus puissant des prestiges, celui d'une grande et incontestable supériorité intellectuelle.
La force d'un gouvernement est tout entière en lui : elle est dans ses agents, dans ses rouages, dans ses idées, dans ses œuvres ; elle n'est pas dans l'indulgence qu'il mendie ou dans la flatterie qu'il paye. Qu'importe qu'un peintre sans talent fasse dire de ses tableaux sans mérite, par un critique sans conscience, que ce sont des chefs-d'œuvre ? En seront-ils pour cela moins défectueux ? En auront-ils pour cela plus de valeur ?
Le canon et l'échafaud sont les deux arguments des gouvernements et des révolutions au-dessous de leur tâche. On a dit que c'étaient les arguments du plus fort ; on aurait dû ajouter : Et du moins capable !
Les hommes ne sont point parfaits, rien de plus visible et de plus certain. Il reste donc que quelqu'un veille aux devoirs sociaux ; ce quelqu'un, c'est le gouvernement : il est le représentant et le fondé de pouvoirs universel. Il ne faut pas se le représenter simplement comme un employé subalterne, réduit à suivre sans réflexion les ordres qu'on lui transmet, tenu de les recevoir sans observation et de les exécuter sans commentaire. Le gouvernement sait qu'il a lui-même des devoirs, il représente dans la société l'ordre, et pour le maintenir il use de l’autorité.
Que fait le gouvernement qui ne craint pas de recourir à l'abus de la force ? Il en donne l'exemple. Or jamais un tel exemple n'est donné sans imprudence et sans danger.
Dans un gouvernement constitutionnel, la force sans le droit n'est rien. Eût-elle l'avantage un jour, elle le perdrait le lendemain.
La flamme brûle les aveugles et ne les éclaire pas... Avis aux gouvernements atteints de cécité !
Le gouvernement, c'est l'art des actes imperceptibles.
L'art du gouvernement consiste à organiser l'idolâtrie.
L'autorité de tout gouvernement dépend autant de sa fermeté dans l'action que des mesures prises en faveur de la collectivité.
D'aucuns s'élèvent contre l'autorité dont fait preuve le gouvernement, mais sans cette autorité, aucun gouvernement ne pourrait se maintenir.
La République, c'est le gouvernement des meilleurs choisis par tous dans l'intérêt de tous.
L'opinion est le balancier d'un gouvernement libre, et doit régler son mouvement.
Sous un bon gouvernement, la pauvreté est une honte.
Le gouvernement, c'est ce qui est juste et droit.
La bonne conduite, la sagesse, dans un gouvernement, sont les premières colonnes du crédit.
Si les mendiants sont onéreux à l'État, c'est à l'État de faire en sorte qu'il n'y ait point.
Il ne suffit pas de bien gouverner les peuples, il faut leur faire aimer leur gouvernement et les apprivoiser avec la raison en l'accommodant à leurs goûts.
Nul gouvernement ne peut-être longtemps solide sans une redoutable opposition.
Personne ne peut ruiner le gouvernement mieux que le gouvernement lui-même.
Le libéralisme consiste à croire que la liberté a des vertus secrètes, que seule elle peut guérir les maux qu'elle cause, et que le premier devoir d'un gouvernement fort est de respecter les droits des minorités.
Le langage du cœur est toujours vrai, mais peu de gens s'en servent ; et le gouvernement n'est pas le lieu où on le connaisse le mieux, ni où il se fasse le plus entendre.
Le bon gouvernement est celui où les citoyens sont élevés dans le respect des lois, dans l'amour de la patrie et du genre humain, qui est la grande patrie.
Rien n'est plus commun que le mécontentement personnel des particuliers sous un gouvernement nouveau, établi depuis peu, composé d'hommes qui étaient la veille dans les rangs des simples citoyens.
La finesse, la hauteur et la sévérité sont les vraies maximes du gouvernement.
Les gouvernements se forment comme les îles dans la mer, et disparaissent de même.
C'était, en somme, un vieil homme agressif, qui paraissait être de l'opposition ; mais dès que, par complaisance, on semblait se rallier à ses idées, il n'en fallait pas davantage pour qu'il redevînt gouvernemental.
Sous des gouvernements dont le principe est la force on est malheureux d'exister sous un pareil régime, c'est la domination des loups sur les moutons.
Où l'on reconnaît qu'un gouvernement a été sage, habile, prudent, prévoyant c'est alors que, soumis à des épreuves difficiles, il en triomphe facilement.
Les mauvais gouvernements sont enduits d'une espèce de glu à laquelle viennent s'attacher l'avidité, la délation, le mauvais sens, tous les vices.
Le meilleur des gouvernements n'est pas celui qui fait les hommes les plus heureux, mais celui qui fait le plus grand nombre d'heureux.
Si l'on connaissait les ténébreuses intrigues des gouvernements les uns contre les autres, depuis trois siècles, pour se nuire et s'affaiblir réciproquement, on serait effrayé de leurs résultats, pour ceux qui y ont été les plus habiles et même les plus heureux.
Depuis que la physique a découvert le moyen de préserver les édifices de la foudre, je ne connais qu'un malheur public dont les gouvernements soient tout à fait innocents : un tremblement de terre.
L'extrême opposé d'un gouvernement violent n'est pas un gouvernement doux, mais un gouvernement juste.
Le gouvernement peut quelquefois manquer de lumières et d'équité, mais il est encore plus juste et plus éclairé dans ses choix, que si chacun de nous était cru sur l'opinion qu'il a de lui-même.
La faiblesse est la suite naturelle de l'indécision, telle est, en un mot, la situation de notre gouvernement. Il nous a fait arriver à ce point de ne nous pas étonner des événements. Je ne serai pas surpris, un matin, de voir la garde nationale manquer au pouvoir.