Dans la politique, comme dans les concerts, la meilleure musique n'est pas toujours celle qui fait le plus de bruit.
Sur la scène politique, comme dans d'autres théâtres, de bons acteurs font le succès de mauvaises pièces.
Dans aucune pépinière on ne plante de poiriers ou de cormiers si l'on veut un jour y récolter des oranges, mais dans le champ de la politique, on renouvelle chaque jour des essais de ce genre.
La politique est une forêt où les renards se sont chargés de faire l'éducation des loups.
La politique est une sirène qui, au rebours de ses devancières, n'attire et ne trompe que les navigateurs dont l'ouïe n'est pas fine et aime les sons discordants.
L'alchimie politique préfère le composé au simple ; mais le bon sens persiste à s'en tenir au système contraire.
Le provisoire est en politique ce que le scepticisme est en philosophie, personne ne veut en rester là, et les uns ne désirent pas moins retourner en arrière, que les autres ne désirent courir en avant.
En politique, la voie des concessions est une pente où la rapidité de la marche s'accélère et se précipite, en raison du chemin qu'on a déjà parcouru.
Dans le monde politique, les vices, les bassesses, les fourberies, les mensonges sans habileté, sont des soldats armés de pied en cap, mais sans général.
Dans le monde politique plusieurs milliers d'yeux voient moins bien et moins loin qu'un seul œil.
Comme le cerf-volant destiné à se perdre dans les nuages, l'homme politique, qui veut s'élever très haut, doit plus s'occuper de la largeur de ses ailes que de la longueur de sa queue.
On a vu des hommes politiques faire des chutes, on en voit qui ne font que des culbutes.
En politique les hommes simples et droits, ceux que l'on nomme les niais, s'attachent aux principes, les habiles préfèrent les expédients ; avec les principes, on donne aux états une durée de plusieurs siècles, avec les expédients, on vit quelques jours, quelques mois, tout au plus quelques années. Prononcez donc entre la niaiserie et l'habileté.
Quand on fait de la politique sentimentale, et quand on se confie aveuglément aux intentions de ses chefs, on a tort ; car on devient la dupe de sa propre bonhomie.
La politique est l'art des complications, c'est un art qui exclut la bonne foi.
La politique, comme tout le reste, est devenue ennuyeuse. Autrefois, c'était un jeu d'échecs très compliqué, très passionnant, une école du caractère, c'était la fourberie, l'hypocrisie, le pragmatisme, l'implacabilité pour le bon motif, à savoir la raison d'État. Aujourd'hui c'est de l'économie, c'est du social, c'est de l'humanitarisme idiot, de la sensiblerie niaise pour plaire aux masses.
En politique, il faut savoir choisir entre deux inconvénients.
Pour ce qui est de mes opinions politiques, je vous déclarerai franchement que je n'en ai point. Suis-je aristocrate ou démocrate ? Je n'en sais rien. Je ne pense qu'avec mon cœur, et mon cœur n'est d'aucun parti.
Le seul but d'un politique est de faire triompher sa doctrine, qui est son âme même, en ce qu'elle suppose une philosophie différente des diverses philosophies auxquelles on veut le convertir. Il sera bien temps, après la victoire, d'examiner s'il y avait du bon dans les doctrines antagonistes, et de les reprendre sans danger pour notre intégrité spirituelle. Voler une idée quand on est dans une position de force est tout autre chose que d'y acquiescer de bonne foi avant qu'on ait établi notre supériorité.
La politique est une gourgandine qui prodigue ses faveurs à ceux qui s'y donnent corps et âme.
La politique ressemble au désert : un coup de vent y forme une montagne énorme et les mirages y sont fréquents et dangereux.
Après avoir rendu des services à leur pays, il reste aux hommes politiques à s'en rendre un à eux-mêmes, c'est de se retirer à temps.
La vérité est une chose des plus compliquées, la politique une affaire des plus compliquées. Il est difficile de saisir tous ces rouages. On peut avoir certaines obligations envers des gens, dont il faut s'acquitter. En politique, tôt ou tard, il faut faire des compromis. Tout le monde en fait.
En politique et en affaires, il n'y a pas d'amis. Celui qui vous apporte une idée est votre ami ; celui qui vous fait faire une sottise, un ennemi !
La politique est inséparable de l'histoire : le présent n'est que du passé accumulé.
La petite politique a ses questions qu'elle impose, la grande ne connaît que celles qui s'imposent d'elles-mêmes.
On peut juger des progrès de la politique et de la religion dans une société à la profondeur des divisions qu'elles produisent.
Deux choses, la politique et le besoin d'argent, aujourd'hui dominent tout, et le plus souvent les deux n'en font qu'une.
Toute opinion politique est doublée d'un intérêt, et l'habit ne dure pas plus que sa doublure.
Sur le marché politique, le riche se vend aussi bien que le pauvre ; seulement il se paie plus cher.
L'honnêteté politique est une condition que tous les partis imposent à leurs adversaires.
En politique tout est piédestal ou tribune, même un tas de fumier.
La politique a des spécifiques qui ne soulagent les maux présents qu'en altérant la santé pour toujours.
En politique, comme en amour, le seul moyen de ne pas manquer à ses promesses est de n'en pas faire.
L'éloquence politique a ses variétés : charlatans qui amusent, déclamateurs qui ennuient, beaux diseurs qui charment, et tribuns qui font peur.
Le bien que nous pouvons penser de nos amis politiques est en raison du mal qu'en disent nos ennemis.
Rien n'est désintéressé en politique, pas même la vertu : on est toujours vertueux contre quelqu'un.
L'homme naïf fait de la politique en philosophe, l'ambitieux de la philosophie en politicien.
Le jeu de la politique est fait tour à tour de défaites honorables et de honteuses victoires.
Pour beaucoup, la politique est un moyen de se faire des revenus sans mise de fonds et une profession sans apprentissage.
À en juger par ses élus, la politique n'est pas moins aveugle que la fortune ou l'amour.
La politique est le premier des arts et le dernier des métiers.
En politique, les plus revenus de tout sont ceux qui ne sont jamais allés nulle part.
Quand on a l'esprit tranchant et l'humeur solitaire, on ne se fait pas député.
La politique est une passion sérieuse comme l'amour, qui prend tout le temps et toutes les forces de celui qui s'y livre.
En politique nul n'est dispensé d'avoir des principes, et d'y demeurer fidèle.
Une assemblée politique est une espèce de bal masqué où les mauvaises passions se déguisent sous le masque des vertus.
La politique enseigne à juger des devoirs par l'intérêt, et du mérite par les succès.
Les plus ardents défenseurs d'un système politique ne sont le plus souvent que de chauds égoïstes.
En politique, l'homme qui parle est l'ennemi naturel de celui qui écoute.
En politique, la ligne droite est le chemin le plus long pour arriver d'un point à un autre.
En politique un excès d'audace ou de folie font de l'homme un héros ou un martyr.
Orgueil et bassesse, voilà les plus grandes qualités des hommes politiques.
La politique d'illusions est une politique fatale, elle conduit à la décadence.
On a pour l'ami politique des indulgences qu'on n'aurait pas pour un ami ordinaire, on ferme les yeux sur ses pires coquineries, on se compromet pour le tirer de situations embarrassantes, on l'absout de ses défauts de caractère, voire de ses vices et de ses lâchetés ; on partage avec lui ce trésor inestimable qu'est une conformité d'idées et de buts grâce à quoi il n'y a jamais de temps mort dans la conversation, jamais d'ennui dans une liaison.
Rien ne contribue davantage à envenimer les questions, à aggraver les situations, à fausser les esprits, qu'une politique bâtarde, sans dignité et sans suite, qui ne sait pas ce qu'elle veut, parce qu'elle n'ose jamais vouloir.
Ceux qui jouent aux prophètes en politique sont toujours punis, surtout s'ils ont raison, c'est-à-dire s'ils tirent des conclusions qui ont l'allure surprenante et saugrenue de la vérité. On les prend pour des farceurs, pour des rêveurs.
Un homme politique qui dit au peuple des choses que le peuple ne peut pas comprendre se met au-dessus du peuple. C'est un homme politique qui méprise le peuple.
La politique est une chose cruelle parce que, tôt ou tard, les notions d'honneur, de loyauté, de justice, cèdent la place aux mathématiques.
Persécuter un homme en politique, ce n'est pas seulement le grandir, c'est encore en innocenter le passé.
De toutes les pratiques du monde, la louange est la plus habilement perfide. À Paris surtout, les politiques en tout genre savent étouffer un talent dès sa naissance, sous des couronnes profusément jetées dans son berceau.
La politique est comme le commerce, il faut la faire en grand pour qu'elle intéresse.
Les partis politiques ont une façon élégante d'accepter les défaites qui est insupportable. Les partis politiques appartiennent à la catégorie des cocus « talon-rouge » faisant contre mauvaise fortune bon cœur, ne se permettant pour exprimer leur douleur que des sourires d'une mélancolie distinguée.
La politique et la coquetterie sont synonymes, elles ne sont que l'art de mentir.
La coquetterie est comme la politique : la plus paisible en apparence, et souvent la plus active.
La liberté politique bien analysée est une fable convenue imaginée par les hommes qui gouvernent pour endormir les gouvernés.
En politique, la seule honnêteté possible est peut-être l'illusion.
Tout l'art du politique consiste à adhérer aux parois tout autant qu'aux paroisses.
La meilleure politique dans la conduite de la vie est celle de n'en avoir aucune.
Je vomis les politiques gominés d'importance qui multiplient les interviews.
La sincérité n'a pas toujours plein cours en politique.
En politique, on fait souvent beaucoup de bruit pour rien : autant alors en emporte le vent.
L'indifférence que d'aucuns montrent pour la politique est un tort ; c'est grâce à une telle indifférence que les gouvernements agissent à leur guise, sans généralement se soucier des intérêts réels de la collectivité.
Pour faire de la bonne politique, il faut faire abstraction de ses intérêts personnels.
Le premier principe de la politique réaliste est qu'en politique il n'y a point de principes, qu'il n'y a que des occasions, que les occasions sont fugitives, qu'il faut les prendre aux cheveux ; que, si on les laisse échapper, elles ne reviennent jamais.
Les promesses politiques sont semblables à un feu, ça tient chaud un moment, puis ça finit en fumée.
Le secret de la politique est de donner des espérances à tout le monde.
Comme le zèle religieux, la science et la politique ont leurs préjugés, dieux intolérants et jaloux, qui n'aiment pas à ouvrir les bras.
On s'engage et on se dégage ; toute la politique est là.
La politique n'est que l'art du mensonge, l'art de se déguiser.
Si tu veux perdre ton ami, parle-lui de politique?