L'homme devient insurgé, mais il naît révolutionnaire ; l'insurgé guérit, le révolutionnaire est incurable.
La révolution française, en dépit de toutes ses horreurs, n'en a pas moins été la vraie cause de la régénération de nos mœurs, comme le plus sale fumier provoque la plus noble végétation.
Il y a eu de grands hommes qui ont fait des révolutions, mais jamais une révolution n'a produit un grand homme !
Les révolutionnaires ne font jamais une révolution. Ou ils rampent, ou ils marchent sur des échasses. Ils ne montent jamais au pouvoir, n'ayant pas de force escaladante ; ils ne le prennent que quand il est couché sur le dos, dans le sang ou dans la boue !
La Révolution a fait s'asseoir la Raison sur le maître autel de Notre-Dame de Paris. La Raison est restée ce qu'elle est depuis toujours, mais l'autel en a souffert.
On ne monte jamais si haut en révolution que lorsqu'on ne sait pas où l'on va.
Les révolutions sont des incendies qui couvent longtemps, et l'on traite de fou celui qui crie au feu avant qu'il n'éclate.
Avec les utopies sociales, les rêveurs font des idylles, et les révolutionnaires des drames.
Les passions et les intérêts font les révolutions, les idées leur donnent un drapeau.
Les révolutions de nos pères avaient pour principe des droits, les nôtres ont pour mobile des besoins.
La révolution : l'état permanent de l'humanité.
Dans les révolutions, la raison ne triomphe pas sans la violence, mais la violence se passe très bien de la raison.
Le temps ne détruit pas les abus, il les transforme, et les révolutions en renouvellent les bénéficiaires.
Il en est de la révolte comme de toute création humaine : elle ne vaut que par les détails.
À chaque révolution le genre humain tombe de fièvre en chaud mal ! Le progrès indéfini n'est qu'une illusion à perte de vue, nous périssons tout à la fois par nos mœurs qui se perdent, par nos croyances qui s'en vont et par les chimères qui nous dévorent.
Les ambitieux se jettent dans les révolutions en criant aux abus, comme les filous dans les foules en criant au voleur.
Lorsque les idées et les mœurs d'un peuple sont en désaccord avec les lois qui le régissent, une révolution est inévitable ; mais qu'attendre d'un peuple dont les idées et les mœurs sont en désaccord avec toutes les lois et toutes les formes de gouvernement ?
Depuis la Révolution, c'est-à-dire depuis l'instauration de la guerre civile permanente en France, chacun se sent un peu de la police.
En fait de révolution, la chance la plus certaine pour le conspirateur est d'être puni. S'il réussit, son triomphe n'est qu'éphémère : il est bientôt éconduit. Un pareil résultat devrait empêcher de tirer du feu d'aussi terribles marrons.
Toute révolution vise beaucoup moins à changer les institutions que les hommes.
Le plus grand ennemi du repos de son pays est celui qui rend une révolution nécessaire.
Un vieux révolutionnaire est moins intéressant qu'une vieille breloque.
Il y a des moments où toute une révolution d'idées se lève en nous et, comme un essaim de guêpes, part dans toutes les directions.
La révolution, c'est le crime du peuple, l'agression à main armée d'une classe par une autre, d'un riche insolent par un malheureux qui manque de pain et qui a soif.
Dans les révolutions il y a deux sortes de gens, ceux qui les font et ceux qui en profitent.
La classe populaire, quand elle cesse de lutter pour des idées et ne revendique plus que du bien-être, est incapable de faire une vraie révolution. La première forme du bien-être, c'est de ne pas risquer sa peau.
Un homme et une discipline, voilà le secret de toutes les révolutions heureuses, et quand l'homme vient à disparaitre, c'en est fait de la discipline.
Un peuple qui raisonne peut à chaque instant devenir une armée de révolutionnaires.
Si toute révolte détruit, la Révolution permet de construire et de rénover.
Un changement de régime politique équivaut toujours à une véritable révolution.
Un souverain qui se respecte ne parlemente pas avec la révolution, il n'est permis de causer avec elle qu'à coups de canon.
On se trompe si l'on croit qu'un peuple en révolution est disposé à être conquis, il est prêt au contraire à conquérir les autres.
Une nation en révolution est plus près de conquérir ses voisins que d'en être conquise.
Il ne faut parler de la révolution qu'avec respect, des mesures révolutionnaires qu'avec égard. La liberté est une vierge dont il est coupable de soulever le voile.
Les révolutions dans un État sont comme les faiblesses à un malade : il en soutient quelques-unes, mais à la fin il y succombe.
Les révolutions ne seraient pas aussi nombreuses si les peuples savaient jouir de la liberté comme ils savent la conquérir.
Les révolutions sont, en politique, des causes de destruction comme le sont les tremblements de terre dans la nature physique.
Toute révolution se résume dans un déplacement de propriété et un déplacement de vanité.
Le canon et l'échafaud sont les deux arguments des gouvernements et des révolutions au-dessous de leur tâche. On a dit que c'étaient les arguments du plus fort ; on aurait dû ajouter : Et du moins capable !
Les révolutions ont au moins l'avantage de précipiter l'accomplissement d'idées reçues, mais de difficile ou audacieuse exécution ; c'est de presser l'avenir paresseux d'éclore.
Il y a deux sortes de révolutions : les révolutions en arrière et les révolutions en avant. Révolutions pour révolutions, il vaut mieux servir celles de l'avenir ; car si l'avenir a des illusions, sans doute comme toute chose humaine, le passé n'a que des ruines.
Les révolutions déshonorent plus d'hommes qu'elles n'en ruinent.
Les petits esprits ne voient dans les meilleures institutions que leurs abus, et dans les plus mauvaises que leurs avantages. La première de ces dispositions fait les révolutions, la seconde les prolonge.
On dit communément que la peine poursuit le coupable ; il est aussi vrai de dire que le coupable poursuit la peine : les succès passagers de la révolution et de l'usurpation sont un piège tendu sur le chemin de bien des gens, et dans lequel tomberont tous ceux qui croient qu'on recommence à volonté les révolutions de la société, et comme une représentation de théâtre.
Quand une révolution commence ou quand elle doit finir, les obstacles qu'on oppose à ses progrès ou au retour de l'ordre, deviennent autant de moyens qui les accélèrent.
La justice, après une révolution, est l'arc-en-ciel après l'orage.
Dans les temps de révolutions, la lie des nations s'agite et domine un instant les hommes de bien.
Il n'y a point de crimes en révolutions.
Partout où l'intérêt privé est en jeu, l'intérêt public est en souffrance et les améliorations deviennent impossibles. Il est pénible d'en faire l'aveu, les grandes réformes ne peuvent s'opérer qu'au moyen des révolutions. Les peuples, emportés alors comme des coursiers fougueux, se dirigent droit au but, en écartant tous les obstacles, même au risque de se jeter dans les abîmes.
La révolution doit tout hâter pour ses besoins. La révolution est à l'esprit humain ce que le soleil d'Afrique est à la végétation.
On ne fait pas une révolution avec des chefs idiots, incertains et désordonnés.
Ce ne sont point les hommes qui mènent la révolution, c'est la révolution qui emploie les hommes.
Faire la révolution, c'est prendre le pouvoir et la richesse, pas les anéantir.
L'être vraiment malheureux est celui à qui on persuade que son était est misérable. Ainsi procèdent les meneurs pour faire les révolutions.