Il n'appartient qu'à un artiste de bien juger d'un peintre.
Que l'artiste ne sacrifie pas la vérité, même pour l'embellir.
Un artiste doit avoir ses instruments de mesure, non dans la main, mais dans l'œil.
Tous les chefs-d'œuvre, dus à l'habileté des grands artistes, ne sont que le fruit d'une application continuelle et d'un travail opiniâtre.
L'un des deux, faute de talent littéraire, ne réussit point à s'exprimer : l'autre est trop bon artiste pour ne pas se faire passer pour plus intéressant qu'il n'est.
Les journalistes, ça vous exécute un artiste d'un trait de plume. Il y a chez eux encore plus d'ignorance et de bêtise que de mauvaise foi. Mais le malheur est que le public les lit.
Pour un artiste, la liberté est aussi indispensable que le talent et l'intelligence.
L'artiste ne doit jamais parler de son génie, car l'objet même de ses peines est de faire naître ce mot sur les lèvres des autres ; lui, paraissant tout absorbé dans le souci et dans l'extase de son œuvre.
L'artiste est un marchand, et l'art est un métier.
Le mauvais ton est le salaire que les artistes prélèvent en disant la vérité.
Pour qu'un grand artiste s'enivrât complétement des acclamations de la foule, il ne faudrait pas qu'il fût condamné à voir au-dessus du tableau qu'il a fait le tableau qu'il avait rêvé.
La vie, pour un artiste, devrait être d'œuvrer pour lui-même sans préoccupations des résultats de son œuvre par rapport aux marchands, aux critiques, aux amateurs, mais seulement dans la joie que cette œuvre peut lui donner : curiosité merveilleuse de soi-même, introspection lumineuse, jamais complètement satisfaite, chaque jour renouvelée ; plus excitante, plus virilisante que tous les aperçus sur les costumes de bains des belles dames de la plage.
Un artiste, c'est quelqu'un qui marche à côté lorsque les autres sont sur le trottoir. Les artistes ont des ailes, même si cela ne se voit pas.
Une œuvre d'art est la forme donnée à un sentiment ou à une pensée. L'homme qui se contente de la forme peut être un artisan ingénieux ; il n'est ni un artiste, ni un poète.
Un artiste éminent ne conçoit aucun sujet qu'un marbre ne puisse renfermer dans son sein ; mais seule y parvient la main qui obéit à l'intelligence.
Un artiste ou un écrivain qui n'a pas de génie est une espèce de bourgeois méprisable.
Un artiste est un homme, il écrit pour des hommes. Pour prêtresse du temple, il a la liberté ; pour trépied, l'univers ; pour éléments, la vie ; pour encens, la douleur, l'amour et l'harmonie ; pour victime, son cœur ; pour dieu, la vérité.
Dieu ayant créé le monde et le voyant imparfait, mais ne daignant pas recommencer son œuvre, rêva un autre monde plus beau, plus éblouissant, plus digne de lui-même, nouveau paradis terrestre où la poésie, Ève avant le péché, se promène dans toute sa beauté splendide. L'art est cet autre monde. L'artiste ou le poète est donc une créature privilégiée qui a la haute mission de réaliser le rêve de Dieu.
Avant tout, les artistes sont des hommes qui veulent devenir inhumains.
Il n'y a pas de meilleur moyen possible pour échapper aux hommes que de se consacrer aux arts. Et cependant, par ce même moyen, on leur appartient plus complètement que jamais, puisque, dans les moments de prospérité comme dans les jours de chagrin et de douleur, tous ont besoin de l'artiste.
La rivalité ardente est la misère de la vocation d'artiste. On ne tend plus la main, on ne donne que des crocs-en- jambe. Les bonnes paroles ne sont qu'un stratagème, la cordialité qu'une grimace, la sympathie qu'une feinte. Pouah ! — Déesse jalouse que la gloire ! Elle demande l'immolation de tout le reste ; du moins ainsi le croient les artistes en majorité.
Les vrais artistes trouvent leur force dans ce qui les accable. D'un empêchement à vivre ils font une grâce.
L'artiste est toujours un contemplatif qui se dédouble.
L'artiste doit se faire regretter déjà de son vivant.
Ne sachant jouer d'aucun instrument, nous rendons bonne justice aux artistes de mérite ; mais ayant tout appris, à peu près également à écrire, nous sommes horriblement jaloux des écrivains de talent.
L'étude du beau est un duel où l'artiste crie de frayeur avant d'être vaincu.