Lorsqu'un homme d'état aura la chance de réunir en sa personne le talent et la probité d'honnêtes niais se feront son adversaire en raison de son talent, et d'habiles roués lui barreront le chemin en raison de sa probité.
La vigueur de caractère est le balancier des hommes d'état, le talent de la parole n'en est que la balançoire.
De grands États démocratiques sont des pyramides de grains de sable ; quelles que soient leur masse et leur hauteur, le vent les bouleverse.
Quelles que soient la hauteur et la sève d'un État démocratique, c'est toujours un arbre qui a plus de branches que de racines.
Si Judas vivait, il serait ministre d'État.
L'Évangile dit : Heureux les débonnaires, car ils hériteront la terre. – Ce n'est pas l'avis des hommes d'État !
Si ceux qui gouvernent les États ne pensent qu'à amasser des richesses pour leur usage personnel, ils attireront indubitablement auprès d'eux des hommes dépravés ; ces hommes leur feront croire qu'ils sont des ministres bons et vertueux, et ces hommes dépravés gouverneront le pays. Mais l'administration de ces indignes ministres appellera sur le gouvernement les châtiments divins et les vengeances du peuple.
Le véritable imposteur est moins celui qui emprunte une somme d'argent qu'il ne peut rendre, que celui qui, sans connaissances et sans talent, se donne pour capable de conduire un état.
Il faut avoir vécu dans cet isoloir qu'on appelle l'Assemblée nationale pour concevoir comment les hommes qui ignorent le plus complètement l'état d'un pays sont presque toujours ceux qui le représentent.
Par les plus productifs de ses impôts, l'État s'enrichit de nos vices et de nos misères.
L’État donne un bien mauvais exemple aux familles : il établit son budget des dépenses avant celui des recettes.
Un État qui s'entretient par des impôts excessifs est une façon d'Ugolin mangeant ses enfants pour leur conserver un père.
Pour l'homme d'État, le fameux mur de la vie privée devrait être de verre : l'honnêteté du foyer est un gage de la probité publique.
L'illusion, chez l'homme d'État, est une pire faute que le mensonge.
C'est le bonheur d'un chef d'État d'être servi par les circonstances ; son habileté est de se faire servir par les hommes.
Parler pour ne rien dire, défaut capital chez l'écrivain, est une force pour l'homme d'État.
Bien des gens s'occupent des affaires de l'État, qui feraient mieux de s'occuper de l'état de leurs affaires.
Boutade, la vérité à l'état aigu.
Dans tout État dont les institutions sont représentatives, monarchique ou république, c'est par le choix des ministres que le gouvernement prononce son esprit et sa marche.
Dans un État bien ordonné, le peuple doit retirer plus d'avantages de la noblesse que les nobles eux-mêmes.
Justice, humanité, industrie, voilà les principes fondamentaux des États, c'est par eux qu'ils prospèrent, quelle que soit la nature de leur constitution ; mais dans tous, la crainte est le seul ressort qui puisse maintenir l'ordre et la tranquillité.
Un voleur est celui qui s'approprie le bien d'autrui, et l'État est un voleur quand il exproprie quelquefois les gens pour cause d'utilité publique.
Dans un État bien organisé, il faut toujours que deux mouvements contraires se fassent sentir : l'un qui de la base de l'édifice remonte vers le sommet, et l'autre qui du sommet redescende vers la base.
Un homme d'État ne reste à la tête d'une société en travail qu'à la condition de la diriger, et il ne dirige qu'à la condition de favoriser et de régler les idées nouvelles.
Dans les États totalitaires, le prisonnier libéré entre dans une autre prison.
La pire tyrannie peut être celle d'un État: il dilue le tyran.
L'État, ce chef-d'œuvre de l'égoïsme intelligent et raisonné, ce total de tous les égoïsmes individuels, a remis les droits de chacun aux mains d'un pouvoir infiniment supérieur au pouvoir de l'individu, et qui le force à respecter les droits des autres. C'est ainsi que sont rejetés dans l'ombre l'égoïsme démesuré de presque tous, la méchanceté de beaucoup, la férocité de quelques-uns : la contrainte les tient enchainés, il en résulte une apparence trompeuse.
Quand l'Etat seul pense et agit à la place des citoyens, ils deviennent incapables de penser et d'agir.
Si quelqu'un se trouve bien dans un petit état, sache qu'il a atteint un grand but.
Rien n'use plus vite un homme d'État que les collisions de devoirs et les tiraillements.
Pour un homme d'État vraiment moderne, dans ce siècle, l'autorité ne suffit pas. Le ministre le plus habile et le plus fortement épaulé est condamné à l'impuissance, s'il n'a pas pour lui le concours de l'opinion publique.
L'harmonie est notre rêve, mais la désharmonie est bien souvent notre état.
Pour un État, la justice est le meilleur ordre possible.
Tel est le sort des États : s'ils sont forts, ils font eux-mêmes leurs révolutions, mais ils en subissent tous les désastres et se noient dans leur propre sang; s'ils sont faibles, ils voient leurs voisins venir les révolutionner à main armée, et subissent tous les inconvénients de la présence des armées étrangères. Ils ne s'égorgent pas, mais ils payent les soldats qui viennent faire la police chez eux.
Si vous voulez conserver un État en repos, tenez toujours l'épée de la justice en mouvement.
Étendre ses États par de vastes conquêtes, c'est s'affaiblir des braves gens que l'on perd, et du terrain que l'on gagne.
Qui veut faire le vrai bien de l'État doit plus songer à peupler les campagnes qu'à former de grandes villes. Se réduire à donner le spectacle d'une grande ville à l'étranger, c'est lui dire, voilà toutes nos richesses.
Les ministres, les hommes d'État commencent par faire des merveilles, mais presque tous finissent par le contraire. Pourquoi cela ? C'est parce que nous ne sommes pas assez sévères dans nos choix.
Les plus grands États ont été renversés par des jeunes gens, et conservés par des vieillards.
Ceux qui exaltent leur état ne sont jamais envieux de celui des autres.
Un véritable homme d'État devrait être inaccessible à la crainte et se montrer toujours supérieur à tous les événements.
Porte-parole : Secrétaire d'Etat spécialement chargé de se taire sur les affaires d'Etat.
On s'attable au pouvoir et l'on mange la France ; c'est ainsi qu'un filou devient homme d'état.
Le grand homme d'État est celui qui réalise en lui la raison et l'impose au-dehors par la croyance.
On ne change et réforme pas les états avec une conduite molle.
L'amour, c'est l'état de l'âme le plus rationnel et le plus lumineux.
L'amour est un larcin que l'état de nature fait à l'état social.
Il arrive parfois qu'un homme d'État véritable se laisse circonvenir par les exhortations intéressées de la troupe de subalternes et de parasites qui fait cortège à tout homme éminent et n'a de cesse qu'elle ne l'ait empêché d'être lui-même. Ainsi s'explique, par cette invisible tyrannie de l'obséquiosité familière, par cette irrésistible domination des bas intérêts, par cette funeste influence des dévouements aveugles que subissent trop souvent, à leur insu les hommes supérieurs, comment il arrive aux plus grands caractères de se contredire, aux esprits les plus droits et les plus inflexibles de s'égarer et de fléchir, aux plus pures réputations de s'entacher.
L'évidence est une lumière trop vive pour les yeux de nos hommes d'État : elle les éblouit et ne les éclaire pas.
Ce qui manque principalement à nos hommes d'État, c'est le courage des réformes. Pourquoi le courage des réformes mûres, judicieuses, efficaces, nécessaires, leur manque-t-il ? Ce courage leur manque parce qu'ils sont venus dans un temps où tout est sacrifié au vain éclat des vains discours ; où la supériorité de la tribune est la seule qui mette sûrement et rapidement en possession du pouvoir ; où la conquête et la conservation de la majorité dans la Chambre élective est l'unique but qu'il paraisse sage de poursuivre, utile d'atteindre ; où le caractère est compté sinon pour rien, du moins pour peu de chose ; où l'élévation des idées, l'énergie des convictions ne servent qu'à isoler ; où la puissance d'organisation n'aboutit qu'à faire reléguer sans discernement le puissant organisateur au nombre de ces faiseurs irréfléchis et stériles dont il est prudent de se défier ! — On recueille ce que l'on a semé.
Le faux homme d'État n'admet pas que l'homme de presse ait le coup d'œil et l'esprit plus justes que lui. Le faux homme d'État, qui dispose, n'admet pas que l'homme de presse propose.
Ce qui caractérise particulièrement le faux homme d'État, c'est le mépris souverain qu'il a pour les avertissements de l'homme de presse, dont il supporte avec impatience le blâme, mais dont il savoure avec délices la louange.
Tenir strictement compte de toutes les forces opposées ou auxiliaires, et n'en méconnaître aucune ; se défier des sympathies ; n'écouter aucune de ses répulsions ; n'avoir aucune rancune ; se garder de toute obstination décorée du faux nom de fermeté : ce sont là les premières notions du livre de l'homme d'État et du publiciste qui regardent devant eux.
Ce qui distingue l'homme d'État des faux hommes d'État, c'est qu'il choisit les questions et ne les subit pas ; il n'attend point les événements, il les fait. L'événement est à l'homme ce que l'effet est à la cause.
La postérité ne demande pas aux hommes d'État qui ont eu le pouvoir combien de temps ils l'ont gardé, mais elle leur demande ce qu'ils ont fait !... Elle ne s'arrête pas à compter les années, elle compte les œuvres.
L'État est notre serviteur, et nous n'avons pas à en être les esclaves.
Ne fais jamais rien contre ta conscience, même si l'État te le demande.
Deux grands États ne s'allient à long terme qu'à la condition de se compléter.
La richesse des États n'est pas en raison du numéraire qu'ils possèdent, mais elle est en raison du crédit qu'ils ont.
La politique tend chaque jour à se transformer plus qu'on ne paraît s'en douter. Autrefois, l'État le plus puissant était celui qui se faisait craindre ; aujourd'hui, l'État le plus puissant est celui qui se fait envier. La prépondérance qu'il exerce est surtout dans l'exemple qu'il donne.
L'État ne protège pas, il paralyse ; alors même qu'il parait encourager, il décourage. L'État aurait donc tout profit à rester neutre. Ce que la neutralité lui ferait perdre en puissance, plus apparente que réelle, elle le lui ferait regagner et au-delà en richesse infinie : car la richesse multipliée par la liberté croit en proportion géométrique ; et maintenant la vraie puissance des États, c'est la richesse.
L'union des États fait leur gloire et leur force.
Si les hommes étaient sages, ils donneraient à la religion et à la médecine la plus grande partie du temps que ne réclament pas les devoirs de leur état.
Un secret d'État ne peut se révéler que dans la mesure où cela peut servir l'intérêt même de cet État.
Le relâchement de la discipline dans un État y cause peu-à-peu le dérèglement et la corruption des mœurs.
La grande union dans les États en fait la prospérité et la grandeur.
Les lois sont le rempart de la liberté, et par conséquent de l'État.
L'État n'est pas fait pour un seul homme.
La politique a deux données qu'elle croit infaillibles pour juger de la prospérité d'un Etat ou de sa décadence, le registre des naissances, et celui des importations et exportations ; j'aimerais mieux la liste des communions à Pâques, et le registre des tribunaux criminels.