Quand le gagne-pain de la famille est assuré, le logis est à son gré, les enfants s'élèvent, bref l'incertain diminue et les soucis s'évaporent à proportion.
Le jeune homme pauvre se donne de la peine pour avoir son pain ; il mange ; quand il a mangé, il n'a plus que la rêverie. Il regarde le ciel, l'espace, les astres, les fleurs, les enfants, l'humanité dans laquelle il souffre, la création dans laquelle il rayonne. Il regarde tant l'humanité qu'il voit l'âme, il regarde tant la création qu'il voit Dieu. Il rêve, et il se sent grand ; il rêve encore, et il se sent tendre.
La gastronomie est un monde enchanté où, alors que l'huile est vierge, la salade ne se déplace pas sans ses lardons tandis que le pain rassis n'est pas perdu pour tout le monde.
D'un bout de l'année à l'autre, on mange du pain rassis sous prétexte qu'il faut le finir, et le pain frais rassit à son tour, comme ça on ne mange jamais de pain frais !
L'avare est un sage qui considère le monde comme un désert qu'il faut traverser avec un morceau de pain rassis et une gourde d'eau tiède. Il prend ses mesures pour une longue marche. Il se prive sans cesse pour ne pas mourir à moitié chemin.
N'ouvre pas la bouche pour manger le pain blanc de ton voisin, mais lève-toi de bonne heure pour gagner ton propre pain. Autrement dit, ne reçois pas d'autrui ce que tu peux gagner toi-même.
Autrefois les métiers manuels étaient l'affaire des gens de peu, gens de rien, autrement dit des vilains. Sottises que tout cela ! Sans ces métiers manuels, que deviendrait notre société ? Se la représente-t-on un seul instant, privée de ces travailleurs qui font le pain, qui cultivent la terre, fabriquent les étoffes et font, en un mot, tout ce qui est nécessaire à notre existence ? Qu'ils cessent simplement pendant une année leur rude travail et, la société n'existera plus !
La révolution, c'est le crime du peuple, l'agression à main armée d'une classe par une autre, d'un riche insolent par un malheureux qui manque de pain et qui a soif.
Il faut que dans notre pays le travail abonde, que le pain soit à bon marché, que le commerce marche. Si demain nos paysans cessaient de labourer, nos métiers de battre, nos fabriques de produire, nous manquerions de tout. Du jour au lendemain, nous deviendrions semblables au mendiant, obligé, pour vivre, de tendre la main à autrui.
Adolphe Thiers - L'histoire de la Révolution Française (1841)
L'assistance honore quand elle joint au pain qui nourrit la visite qui console, le conseil qui éclaire, le serrement de main qui relève le courage abattu.
L'impôt ne doit être prélevé que sur les riches ; vous ne pouvez pas demander au pauvre une partie du pain qu'il gagne, et du lait que les mamelles de sa femme donnent à ses enfants. Ce n'est pas sur le pauvre, sur le manœuvre, qu'il faut imposer une taxe ; il faut, en le faisant travailler, lui faire espérer d'être un jour assez heureux pour payer des impôts.
Voltaire - Les dialogues et entretiens philosophiques (1763)
L'affamé croit voir la face de Dieu dans le pain qu'on lui offre.
Après les études, il faut travailler afin de gagner au moins son pain quotidien et de faire une trouée dans la foule. Beaucoup de jeunes regretteront le temps passé, temps d'insouciance où il n'y avait point à subvenir personnellement à des besoins ou à des fantaisies.
La charité qu'il faut faire à un pauvre affamé est de lui donner un morceau de pain ; la charité qu'il faut faire à un riche repu est de lui demander un morceau de pain.