Tel malheur qui nous abat, quand nous courbons trop la tête devant lui, servirait à nous grandir si nous osions le regarder noblement en face.
Aux yeux du chrétien, le malheur est un marchepied qui peut élever l'homme jusqu'au ciel.
On court aveuglément au-devant du malheur, et c'est souvent trop tard qu'on connaît son erreur.
Qu'est-ce qu'un pressentiment ? — L'ombre qui devance le malheur.
A quoi le malheur est-il bon ? — A faire supporter les ennuis.
Le malheur allonge la vie, le plaisir l'abrège.
Le mot de malheur est comme la parole d'un honnête homme : il tient tout ce qu'il promet.
Moins on mérite le malheur, plus on y est sensible.
J'ai appris à l'école du malheur l'art de contenir ma langue dans la barrière de mon râtelier.
Que le malheur d'un ami vous trouve plus empressé que sa bonne fortune.
Un seul malheur fait oublier mille joies.
Le malheur rend aveugle et injuste. Celui qui souffre croit être seul à souffrir. La vertu est un combat, et l'on ne sait pas ce qu'il en coûte souvent de larmes et de sacrifices pour ne pas succomber !
Tous les malheurs commencent par un point, les catastrophes ne sont au début qu'une imperceptible désagrégation moléculaire : Une égratignure devient une plaie, une négligence devient une ruine, une étincelle devient un incendie. De là l'importance des infiniment petits et l'impérieuse nécessité de la vigilance soutenue. Remédier à propos, aviser à temps est une des attentions de la sagesse, un des préceptes de l'art de vivre. Ecraser le basilic dans son œuf simplifierait considérablement le combat de l'existence. Mais pour cela, il faut le coup d'œil perçant et la main prompte.
La plupart de nos petits malheurs viennent de ce que nous nous attardons dans les goûts d'un autre âge.
Certains hommes se placent au-dessus de leur malheur pour rendre compte de celui des autres.
C’est au malheur à juger du malheur : le cœur grossier de la prospérité ne peut comprendre les sentiments délicats de l'infortune.
On devient souvent sage à l'école du malheur.
Quand on ignore le malheur, son approche cause la stupeur ; mais quand on connaît ses étreintes cruelles, l'épouvante jette l'âme dans des convulsions plus affreuses peut-être que le malheur même !
Un grand malheur donne de la grandeur, même à un être insignifiant.
Les grands malheurs purifient l'âme comme les grands orages purifient l'atmosphère.
La plus belle action est de consoler les gens qu'on aime dans leur malheur.
Il est peu d'âmes sur lesquelles les malheurs ne puissent rien. Encore faut-il dans ce petit nombre faire quelques distinctions, car souvent on prend pour de la philosophie ce qui n'est qu'une insensibilité naturelle. L'homme d'Ésope n'est pas si rare qu'on le pense.
Comme les malheurs, les fautes ne vont jamais seules.
Le plus grand malheur des femmes est celui de ne plus pouvoir plaire.
Que de gens se consolent du malheur des autres par la joie de l'avoir prédit.
Le malheur est lourd quand on le porte seul.
Devant un petit malheur, songeons à l'avenir ; nous n'en souffrirons plus dans dix ans. Devant un grand malheur, songeons au passé ; nous aurions pu en souffrir depuis dix ans.
Devant le malheur la nature pousse l'homme à la révolte, la philosophie lui conseille l'indifférence, la religion seule peut lui donner la résignation.
Les malheurs servent aux âmes bien nées, comme les orages à l'air qu'ils purifient.
Il est peu de malheurs assez grands pour qu'ils n'aient leurs consolations.
On s'accoutume à ses malheurs, on ne peut s'accoutumer à ceux de ses amis.
Ce ne sont pas les grands malheurs qui sont à craindre dans la vie, mais les petits. J'ai plus peur de piqûres d'épingle que de coups de sabre, de même on n'a pas besoin à toute heure de dévouements et de sacrifices, mais il nous faut toujours de la part d'autrui des semblants d'amitié et d'affection, des attentions et des manières.
Le malheur s'attache à certaines personnes, comme le lierre à certains arbres.
Le malheur qui remplace la prospérité nous fait seul entendre le langage de la vérité.
Il est des instants à rire de tous mes malheurs, mais ce rire est si voisin de la fureur que j'aurais grand besoin d'une dose d'ellébore.
Le malheur retrempe les forts ; il ôte aux faibles la moitié de leur âme.
L'habitude du malheur finit par rendre ingénieux à s'en consoler.
Quand on s'apitoie sur le malheur des autres, c'est souvent plutôt pour soi que pour autrui, et parce qu'on craint de se trouver en pareille passe.
Il ne faut jamais réveiller le malheur quand il dort.
L'homme sensible s'apitoie aisément sur le malheur des autres.
On vit heureux tant qu'on ignore son malheur.
Le malheur donne souvent de l'esprit à ceux qui n'en ont pas, et le bonheur en ôte souvent à ceux qui en ont.
Le malheur n'a pas d'amis.
On insulte le malheur en se montrant avare de secours et prodigue de conseils.
Le malheur dépend moins de ce qu'on souffre que de l'impatience avec laquelle on augmente son malheur.
Un malheur, quelque grand qu'il soit, donne du ressort à l'énergie et trempe la fermeté ; mais une longue suite d'infortunes rouille le courage, et le change en résignation.
Le malheur est à l'art ce que le fumier est à la culture maraîchère.
Voyez-vous, il y a des gens qui portent bonheur, d'autres qui portent malheur. S'il fallait me ranger dans l'une ou l'autre catégorie, ce serait certainement dans la seconde.
La source du malheur dans l'amour est la peur d'être aimé.
Le malheur est le pire des métiers ; le monde traite les malheureux de profession comme la charité les mendiants de grands chemins ; on leur fait l'aumône d’un peu de pitié, mais à cette pitié se mêle un peu de mépris. Ceci n'est rien. Que nous importent les propos du monde !
Le malheur supprime les distances et rétablit les égalités, le malheur ne méprise rien ni personne, il se saisit avidement de la première main qui lui est tendue, il a toutes les condescendances et toutes les patiences, il écoute tout, se prête à tout, il a besoin des consolations et des dévouements des petits de la terre.
Qui se donne le loisir de penser à son malheur la pensée en adoucit peu à peu l'amertume.
Quand le vin du malheur est tiré, il faut le boire avec décence.
Malheur aux débonnaires, car chacun marche sur eux comme sur un tapis.
Ne fais payer ton malheur à personne !
À quelque chose malheur est bon.
Le malheur attendrit surtout celui qui le porte.
Pour qu'une plaisanterie soit agréable, il faut qu'elle ne soit jamais longue, et qu'elle soit parfaitement innocente. Plaisanter sur le malheur des autres, c'est pitoyable !
Le malheur est la vie, le bonheur en est l'ombre, l'espérance le soutien, le désir l'activité, la peine la nuit, la jouissance l'éclair.
Un malheur qu'on ne craint pas pour soi, par exemple l'inconduite d'un fils quand on n'a pas d'enfant, nous semble à peu près supportable.
Un malheur traîne toujours un malheur après soi?