Le mot de malheur est comme la parole d'un honnête homme : il tient tout ce qu'il promet.
Moins on mérite le malheur, plus on y est sensible.
J'ai appris à l'école du malheur l'art de contenir ma langue dans la barrière de mon râtelier.
Que le malheur d'un ami vous trouve plus empressé que sa bonne fortune.
Un seul malheur fait oublier mille joies.
Le malheur rend aveugle et injuste. Celui qui souffre croit être seul à souffrir. La vertu est un combat, et l'on ne sait pas ce qu'il en coûte souvent de larmes et de sacrifices pour ne pas succomber !
Tous les malheurs commencent par un point, les catastrophes ne sont au début qu'une imperceptible désagrégation moléculaire : Une égratignure devient une plaie, une négligence devient une ruine, une étincelle devient un incendie. De là l'importance des infiniment petits et l'impérieuse nécessité de la vigilance soutenue. Remédier à propos, aviser à temps est une des attentions de la sagesse, un des préceptes de l'art de vivre. Ecraser le basilic dans son œuf simplifierait considérablement le combat de l'existence. Mais pour cela, il faut le coup d'œil perçant et la main prompte.
La plupart de nos petits malheurs viennent de ce que nous nous attardons dans les goûts d'un autre âge.
Certains hommes se placent au-dessus de leur malheur pour rendre compte de celui des autres.
C’est au malheur à juger du malheur : le cœur grossier de la prospérité ne peut comprendre les sentiments délicats de l'infortune.
On devient souvent sage à l'école du malheur.
Quand on ignore le malheur, son approche cause la stupeur ; mais quand on connaît ses étreintes cruelles, l'épouvante jette l'âme dans des convulsions plus affreuses peut-être que le malheur même !
Un grand malheur donne de la grandeur, même à un être insignifiant.
Les grands malheurs purifient l'âme comme les grands orages purifient l'atmosphère.
La plus belle action est de consoler les gens qu'on aime dans leur malheur.
Il est peu d'âmes sur lesquelles les malheurs ne puissent rien. Encore faut-il dans ce petit nombre faire quelques distinctions, car souvent on prend pour de la philosophie ce qui n'est qu'une insensibilité naturelle. L'homme d'Ésope n'est pas si rare qu'on le pense.
Comme les malheurs, les fautes ne vont jamais seules.
Le plus grand malheur des femmes est celui de ne plus pouvoir plaire.
Que de gens se consolent du malheur des autres par la joie de l'avoir prédit.
Devant un petit malheur, songeons à l'avenir ; nous n'en souffrirons plus dans dix ans. Devant un grand malheur, songeons au passé ; nous aurions pu en souffrir depuis dix ans.
Devant le malheur la nature pousse l'homme à la révolte, la philosophie lui conseille l'indifférence, la religion seule peut lui donner la résignation.
Il est peu de malheurs assez grands pour qu'ils n'aient leurs consolations.
On s'accoutume à ses malheurs, on ne peut s'accoutumer à ceux de ses amis.
Ce ne sont pas les grands malheurs qui sont à craindre dans la vie, mais les petits. J'ai plus peur de piqûres d'épingle que de coups de sabre, de même on n'a pas besoin à toute heure de dévouements et de sacrifices, mais il nous faut toujours de la part d'autrui des semblants d'amitié et d'affection, des attentions et des manières.
Le malheur qui remplace la prospérité nous fait seul entendre le langage de la vérité.
Il est des instants à rire de tous mes malheurs, mais ce rire est si voisin de la fureur que j'aurais grand besoin d'une dose d'ellébore.
Le malheur retrempe les forts ; il ôte aux faibles la moitié de leur âme.
On vit heureux tant qu'on ignore son malheur.
Le malheur donne souvent de l'esprit à ceux qui n'en ont pas, et le bonheur en ôte souvent à ceux qui en ont.
Le malheur n'a pas d'amis.
On insulte le malheur en se montrant avare de secours et prodigue de conseils.
Le malheur dépend moins de ce qu'on souffre que de l'impatience avec laquelle on augmente son malheur.
Un malheur, quelque grand qu'il soit, donne du ressort à l'énergie et trempe la fermeté ; mais une longue suite d'infortunes rouille le courage, et le change en résignation.
Les deux plus grands malheurs sont la perte des êtres qu'on aime, et la perte du repos de sa conscience.
Le malheur est une chose sacrée ; on ne devrait permettre qu'à la bienveillance et à l'amitié d'approcher des malheureux pour adoucir leurs peines ; il faudrait surtout éloigner l'infortune des regards de l'envie, car le malheur d'autrui est la seule volupté de l'envieux.
Le malheur est le pire des métiers ; le monde traite les malheureux de profession comme la charité les mendiants de grands chemins ; on leur fait l'aumône d’un peu de pitié, mais à cette pitié se mêle un peu de mépris. Ceci n'est rien. Que nous importent les propos du monde !
Le malheur supprime les distances et rétablit les égalités, le malheur ne méprise rien ni personne, il se saisit avidement de la première main qui lui est tendue, il a toutes les condescendances et toutes les patiences, il écoute tout, se prête à tout, il a besoin des consolations et des dévouements des petits de la terre.
Qui se donne le loisir de penser à son malheur la pensée en adoucit peu à peu l'amertume.
Le malheur attendrit surtout celui qui le porte.
Le malheur est la vie, le bonheur en est l'ombre, l'espérance le soutien, le désir l'activité, la peine la nuit, la jouissance l'éclair.
Un malheur qu'on ne craint pas pour soi, par exemple l'inconduite d'un fils quand on n'a pas d'enfant, nous semble à peu près supportable.
Le plus grand des malheurs est d'être à la merci de gens qui ne vous valent pas.
Il est bien difficile d'être adroit dans le malheur, mais il n'est pas rare d'être maladroit dans le bonheur.
Le plus grand malheur, c'est de n'être pas aimé quand on aime.
Des malheurs évités, le bonheur se compose.
Le malheur, son absence excite la joie, son approche inspire la crainte.
Le malheur de mon enfance a été de manquer d'une affection inébranlablement sûre et d'un guide qui me montrât le but, c'est-à-dire de l'amour d'une mère, et de l'amour d'un père.
Le malheur a cent fois passé près de nos têtes, mais gare au jour fatal qui porte les tempêtes !
Entre la coupe et les lèvres, il y a encore de la place pour un malheur.
Certains amis ont la rage de vous prodiguer leurs consolations pour des malheurs que vous n'avez pas eus.
Se conformer à son malheur ce n'est pas s'y résigner : l'un est la marque d'un caractère fort, l'autre est le signe certain d'une âme faible.
Le malheur est bon à deux choses : à éprouver les amis, et à épurer la vertu.
Le malheur est un horrible engrenage ; qu'il vous tienne seulement par le bout du doigt, il aura bientôt fait de vous prendre les deux bras et la tête.
Il semble parfois que l'homme ait faim et soif de souffrir. On n'a jamais sondé le fond de son malheur.
Le malheur le plus grand ne manque guère d'être suivi de quelque favorable événement.
Nos amis et nos parents trouvent une douce consolation pour les malheurs qui nous frappent dans la joie de les avoir prédits et de nous l'avoir bien dit.
Un des plus grands malheurs, vivre sans vivre.
Les malheurs de la vie enseignent l'art du silence.
Le malheur, cet ami sévère, corrige nos défauts, développe nos forces.
À l'âge des cheveux gris ou blancs, on change d'âme et de mœurs : les coups de sonnette vous annoncent des fâcheux, et on redoute les lettres comme des malheurs.
Un malheur traîne toujours un malheur après soi?