Il est donné à bien peu de gens de ponctuer leur vie. Presque tous meurent sur une virgule et quelques-uns même en plein membre de phrase.
Dans certaines conditions, on est si souvent obligé d'avaler sa langue, qu'elle en devient paralysée et ne peut plus bredouiller que les vieilles phrases convenues.
Parler peu et par phrases sentencieuses est un moyen facile de passer dans le monde pour un esprit profond.
Les enfants et le peuple veulent que chaque mot, chaque syllabe ait un sens pour l'oreille ; ils ne tiennent pas à ce que la phrase en ait un pour l'esprit.
Les phrases trompent la faim ou la douleur, mais n'empêchent pas d'en mourir.
Les phrases et les lieux communs dénotent une disette de sentiments et de pensées.
La vie est une longue phrase peu ponctuée, mais avec beaucoup de parenthèses.
Un écrivain qui fait des phrases est aussi insupportable qu'un homme qui pose.
Il faut flanquer des coups à sa phrase jusqu'à ce qu'elle cesse d'être de mauvaise humeur. Qui aime bien châtie bien. Plus on aime sa phrase, plus on doit être impitoyable.
Il faut qu'une phrase soit si claire, qu'elle fasse plaisir au premier coup, et, pourtant, qu'on la relise à cause du plaisir qu'elle a fait.
Seul écrit celui qui n'a pas de pudeur, seul celui qui est sans pudeur est capable de se saisir des phrases et de les déballer, et de les jeter tout simplement sur le papier, seul celui qui est sans pudeur est authentique.
Nous vivons dans un monde qui a complètement perdu l'usage du point-virgule, nous parlons tous par phrases inachevées, avec trois petits points sous-entendus, parce que nous ne trouvons jamais le mot juste.
Les yeux aussi entendent les sons. De même que le musicien entend l'orchestre en parcourant une partition, il suffit de lire une phrase pour en goûter la cadence.
Méfiez-vous des gens qui commencent toutes leurs phrases en employant cette expression : « Pour être franc et honnête... » ces gens-là ont quelque chose à cacher.
Nous sommes, dans le monde, ce que sont les mots dans un livre. Chaque génération en est comme une ligne, une phrase.
Quand la femme se marie, elle dit : « Oui. » C'est la dernière fois qu'elle prononce une phrase d'une syllabe.
Les jolies femmes sont si excédées de ne s'entendre dire que de jolies phrases, qu'avant peu on pourra risquer de leur parler raison.
Ne dédaigne pas les phrases, les pensées qui semblent usées par le temps. Fouille-les : Elles te montreront la vérité en un relief puissant.
Il y a des mots trop bruyants pour ce qu'ils expriment ; d'autres insuffisamment sonores. Dans une phrase parfaite, le son doit aider au sens et la musique des syllabes accompagner sans fausse note celle de la pensée.
Quand je me penche sur une phrase pour la polir, le monde n'est plus qu'un duvet d'oie volant dans la chambre.
Quand j'admire un livre, c'est que j'y ai trouvé quelques phrases à mâchonner.
J'aime les phrases assez resserrées pour qu'une syllabe y puisse exercer son pouvoir.
Rien ne plaît tant dans une phrase que lorsque, par sa contexture, un des mots indique la cause dont un autre a marqué l'effet.
Deux phases fréquentes dans la vie d'une femme : elle aime et sourit ; puis elle est jalouse et pleure.
Ce n'est pas ma phrase que je polis, mais mon idée. Je m'arrête jusqu'à ce que la goutte de lumière dont j'ai besoin soit formée et tombe de ma plume.
S'il est un homme tourmenté par la maudite ambition de mettre tout un livre dans une page, toute une page dans une phrase, et cette phrase dans un mot, c'est moi.
J'ai beaucoup de formes d'idées, mais trop peu de formes de phrases.
Commencer une phrase en anglais et la finir en français, ou vice versa, est une condition du grand chic. Autrement, on paraissait commun.
À quoi bon ? Quand cette phrase-là s'empare de nous, adieu courage ! adieu vertu !
Les phrases toutes faites sont la ressource de ceux qui ne savent pas en faire.
Grâce aux phrases toutes faites sur tous les sujets, la plupart des gens ne se font pas une opinion à eux, mais choisissent entre deux ou trois opinions des autres.
Il faut que les phrases s'agitent dans un livre comme les feuilles dans une forêt, toutes dissemblables en leur ressemblance.
Quand on a beaucoup de choses à dire, une phrase suffit.
Pour écrire, il faut vivre dans la connaissance des mots et l'amitié des phrases.
Les phrases sont fortes, mais les mots sont encore plus forts, et par moments, le silence les bat tous les deux.
La seule phrase que le bavard ne puisse dire : Je ne sais pas.
Il y a des phrases qui sentent bon comme des fleurs.
J'aime les phrases qu'on dirait détachées de quelque invisible contexte.
Un mot pour l'autre peut changer toute une phrase, le même a quelquefois deux sens.
Les verbes sont les moteurs de la phrase.
La paresse consiste à faire circuler sa pensée dans des phrases toutes faites.
Il est des phrases qui font un plaisir passager et des blessures de longue durée.
L'amour, c'est une phrase sous un mot.
Une phrase, pour un mot, c'est une prison.
Les mots : La monnaie d'une phrase.
Caressez longuement votre phrase et elle finira par sourire.
Une phrase tendre et chantante par ci par là, comme un sourire voilé, atténuera.
J'aime ces soirs d'affaissement où il suffit de relire quelques phrases d'un écrivain aimé pour sentir se ranimer en soi les éléments de l'harmonie et se réveiller l'intelligence.
Soyons reconnaissants aux phrases toutes faites, elles nous sauvent de bien des bêtises.
La vie est une phrase interrompue.
Combien de mois, combien de vies faut-il pour écrire une phrase qui égale en puissance la beauté des choses ?
Il y a un certain art à éviter les phrases parfaites, les jolies phrases, qui n'est pas moins vif que l'art de les chercher, en ce sens qu'il est plus près du naturel, plus près de l'expression spontanée.
Je ne changerais pour rien au monde une phrase qui contient deux fois, même trois, le même mot, si elle dit ce que je veux dire et si elle est venue ainsi.
On donnerait quelquefois beaucoup pour avoir écrit quelques pages vraiment belles.
Voyez des gens causer dans la rue. Ils ont l'air de comédiens qui récitent un rôle. Rien ne passe sur leurs visages des mots qu'ils disent. C'est qu'ils ne pensent pas, qu'ils ne pensent jamais, qu'ils se servent des mots de tout le monde, de phrases toutes faites, par habitude.
Quand une phrase sonne mal, n'est pas d'une ligne droite et claire, la raison en est toujours ou qu'elle contient des mots inutiles ou que sa construction est mauvaise. Ainsi d'une page, d'un chapitre, de tout un tout.
La plus belle phrase du monde a besoin d'un point d'appui.
L'incapacité de construire une phrase, c'est l'incapacité de s'exprimer.
« Je t'aime ! » est une phrase courte qui fait semblant d'en dire long.
Les belles phrases sauvent moins d'œuvres qu'elles n'en tuent.
Styliste : Écrivain plus occupé de sa phrase que de sa pensée.
Ne faites pas une phrase pour placer un mot : c'est du trafic littéraire.