La nature idéaliste de l'esprit français, confuse chez la masse, devient saillante chez le lettré, prédominante chez l'artiste. Nous ramenons tout, art, doctrines, institutions, hommes et choses, à ce type abstrait de perfection que nous portons en nous : le résultat de cette comparaison est un souverain mépris de la réalité.
L'apparence est un rideau derrière lequel la vérité est cachée, la réalité se dérobe au vulgaire.
De l'apparence à la réalité la différence est grande. C'est le fond du magasin qu'il faut voir, et non le faste de l'enseigne.
Mes rêves d'antan aujourd'hui sont surpassés. Ô réalité ! que tu es belle parfois !
Le rêve est salutaire, car il présage une réalité plus belle.
Un homme qui sait se rendre heureux avec une simple illusion est infiniment plus malin que celui qui se désespère avec la réalité.
La conséquence du divertissement perpétuel, c'est le simulacre perpétuel. Pour l'imbécile moderne, la réalité n'est point une chose redoutable et grave, à laquelle il convient d'opposer de l'énergie ou de la ruse, mais un cadre historique ou romanesque où les mêmes personnages peuvent rejouer indéfiniment les mêmes pièces. L'agrément de vivre dans le simulacre, c'est que rien n'engage.
La réalité dépasse toujours les imaginations les plus extraordinaires.
L'attrait de l'idéal et le poids de la réalité sont les deux forces contraires du monde moral : l'ordre est dans leur équilibre.
On souffre quelquefois plus de la mort d'une illusion que de la perte d'une réalité.
La vie est un grand compte de Doit et Avoir, crédité par l'imagination et débité par la réalité.
Les ridicules sont des manifestations amusantes d'une attristante réalité.
Que de beaux rêves qui s'évanouissent au contact de la réalité !
Le bonheur sur terre est une chimère, et la souffrance une réalité.
Si toutes les vérités ne sont pas bonnes à dire, certaines réalités sont ignobles à montrer.
Mieux vaut regarder la réalité par ses côtés supportables, et cultiver sa bonne humeur.
La réalité est parfois encore plus belle que les plus jolis rêves.
L'esprit en tant que pensée arrive à l'intuition que toute réalité n'est que le rêve d'un rêve. Ce qui nous fait sortir du palais des songes, c'est la douleur, la douleur personnelle ; c'est aussi le sentiment de l'obligation, ou ce qui réunit les deux, la douleur du péché.
L'amour enfanté par les désirs est une espérance, mais celui qui succède à leur satisfaction est la réalité.
Certaines hypothèses peuvent devenir des réalités.
L'idéal rêvé m'a toujours fait rire de la réalité.
Le langage est le fard de la pensée, mais sous ce fard la réalité se fait jour dans les paroles que la surprise arrache, ou qui échappent dans le trouble.
Prends garde ! il n'y a pas d'espérance si belle, si tentante qu'elle soit, qui vaille une bonne réalité honnête, comprise entre le devoir et le bien-être.
On peut dire qu'un homme est condamné quand la faculté de voir lui est enlevée, quand il n'aperçoit pas la réalité, mais un spectre trompeur de la réalité, et qu'il suit ce fantôme, dans l'obscurité, d'un pas plus ou moins rapide, jusqu'au fond des ténèbres, jusqu'à la ruine, qui est le grand océan de la nuit, où toutes les faussetés tôt ou tard finissent par se perdre.
Accepter la réalité, c'est l'accepter dans sa totalité, le plaisir comme la douleur, le bien comme le mal, le jour comme la nuit, l'été comme l'hiver. La réalité a un caractère alternatif, qui résulte du jeu des « Je veux » et des « C'est ainsi », des forces et des obstacles.
Le souvenir a je ne sais quoi d'artistique parce que la réalité y a été modifiée et mise au point par l'imagination.
L'affection qui cherche trop à se produire se nuit à elle-même, et finit par faire douter de sa réalité.
L'homme est plus malheureux par l'exagération de ses idées que par la réalité des choses.
Pessimisme : Sens de la réalité !
Qu'elle est morne l'heure qui succède aux émotions ; que le retour est amer, des éclatants domaines de l'imagination, aux rives ingrates de la réalité !
Je suis étonnée de tout le courage qu'il faut pour être heureux. Pour transformer l'idéal en réalité, ce n'est pas trop de l'héroïsme de toute une vie.
Le bonheur, c'est l'idéal, c'est l'infini. Nous l'entrevoyons dans le vague du rêve, dans le mirage du souvenir ou de l'espérance ; nous ne pouvons l'enfermer dans la réalité.
Le souvenir transforme en rêve ce qui n'était qu'une réalité.
Notre pensée s'arrête volontiers sur les rêves de l'avenir ou du passé, elle glisse sur le présent, dont la réalité brutale se prête mal aux illusions.
Il est bien à plaindre, celui qui n'a pas un idéal pour se consoler de la réalité.
Lequel vaut mieux, ou de raisonner hypocritement dans une hypothèse mensongère, ou de se placer résolument dans la réalité du fait ? Si ce n'est pas pour raisonner juste, à quoi sert d'approfondir les questions et d'étudier le cœur humain ?
L'imaginaire entretient le rêve quand la réalité actuelle démythifie absolument tout.
Mieux vaut prendre ses désirs pour des réalités que de prendre son slip pour une tasse à café.
La réalité est toujours vraie, mais le mensonge lui dame souvent le pion.
Ce n'est que parce que l'on est fort que l'on s'adapte à la réalité qui est aussi savoureuse que rude, et parce qu'on est faible qu'on se replie sur soi pour la rêver telle que l'on désirerait qu'elle fût. Il y a, contre la vie réelle, un étroit amour de soi-même qui pousse à la combattre et nous la fait haïr.