Pourquoi faut-il que pratique et théorie soient si souvent contradictoires jusque sous la robe du philosophe ?
La tourbe des littérateurs flatte les passions du jour. Le philosophe au contraire cajole la bête noire et fustige l'idole du peuple.
Un philosophe médiocre me disait : Je suis comme Socrate ; je sais que je ne sais rien. — Malheureusement pour vous, je le sais aussi, lui répondis-je.
Les hommes seraient de grands philosophes, s'ils n'étaient pas de si grands fous.
J'aime le philosophe à l'air serein, c'est une conséquence.
Les philosophes s'attachent aux doctrines, comme les avocats à leurs causes, en raison du talent qu'ils mettent à les défendre.
Il y a des philosophes qui se jouent de Dieu, et d'autres qui en jouent : ce sont ces derniers qui lui font le plus de tort.
L'homme naïf fait de la politique en philosophe, l'ambitieux de la philosophie en politicien.
Les chefs-d'œuvre de l'art sont de meilleurs maîtres d'esthétique que les philosophes.
L'artiste a l'esthétique de son talent, comme le philosophe la morale de son caractère.
La philosophie émousse les douleurs, mais en contre-partie, elle affadit le bonheur. Un stoïcien vrai n'est jamais malheureux ; jamais heureux non plus. Bref, le philosophe n'est pas si philosophe qu'il croit.
L'austérité de certains philosophes est la mère de beaucoup de folies.
Il n'est rien de tel que de s'asseoir au bord d'une rivière pour devenir philosophe.
Tout vient à point à qui sait attendre : parole d'un philosophe qui n'avait jamais attendu.
On ne devient pas philosophe sans blessures et sans cicatrices, bien que blessures et cicatrices ne tournent pas toutes à la philosophie.
Les philosophes sont bien plus facilement amoureux que les amoureux philosophes.
Le penseur est au philosophe ce que le dilettante est à l'artiste. Il joue avec la pensée et lui fait produire une foule de jolies choses de détail, mais il s'inquiète des vérités plus que de la vérité, et l'essentiel de la pensée, sa conséquence, son unité, lui échappe.
Philosopher, c'est se comporter vis-à-vis de l'univers comme si rien n'allait de soi.
On peut être philosophe tout en étant réaliste.
Le parfait philosophe est simple, doux, affable ; s'il cherche la raison, c'est pour la rendre aimable.
Les philosophes sont comme les médecins, si vous n'en consultez qu'un, vous risquez de voir aggraver votre mal par des conseils mal entendus, et si vous en consultez plusieurs, la divergence de leurs opinions apporte dans votre esprit une indécision plus mortelle encore.
Il y a des philosophes qui font des dupes.
Pour sentir le prix des bonheurs négatifs, il faut être philosophe.
Les philosophes enjoués sont une espèce rare.
Avec le seul bon sens on peut être philosophe, il donne même plus de droit à ce titre que le bel esprit qui se l'arroge.
Le philosophe, tel qu'on se le figure de nos jours, doit avoir le courage de se passer de toute espèce de gloire, et sans cesser de se respecter, ignorer ses vertus et mépriser jusqu'à la philosophie même.
Les philosophes de nos jours prétendent suivre et enseigner la raison, mais lorsqu'ils s'attachent effectivement à détruire les préjugés qu'elle condamne, ils déracinent les vertus qu'elle prescrit.
Il n'y a pas longtemps qu'on eût regardé, avec une surprise dédaigneuse, un homme qui se serait arrogé le titre de philosophe : il n'en est pas de même aujourd'hui : le nom de philosophe est en honneur, et les femmes mêmes s'en font gloire.
Des gens s'étonnent que les philosophes ne puissent devenir des hommes politiques. Rien de plus facile à comprendre, cependant : le philosophe sait tout et finit par se convaincre qu'il ne sait rien ; tandis que l'homme politique ne sait rien et fait semblant de savoir tout.
Le vrai philosophe ne se trouve guère que dans une position médiocre ; quand on est en vue. Dans un poste élevé, on n'est plus chez soi, et adieu la philosophie : elle fuit le train du monde.