Il survient quelquefois dans la vie des circonstances si bizarres, si étranges, si imprévues, que le premier mouvement est de ne pas croire. On n'y est plus, on ne se reconnaît pas. On se dit : Où suis-je ? Est-ce bien moi ? — Et on se frotte les yeux pour se réveiller ; mais, pour se frotter les yeux, il faut avoir les mains libres, et c'est un bonheur que n'a pas tout le monde.
La violation des lois morales porte son châtiment avec elle, comme celle des lois physiques. Seulement dans le premier cas la peine est proportionnelle à l'importance de la loi violée ; dans le second cas, la peine est brutale, aveugle, sans proportion avec la loi méconnue, et sans circonstances atténuantes.
La grandeur d'âme peut se montrer aussi bien dans les petites que dans les grandes circonstances.
Les circonstances sont les coups de fouet que nous donne la vie. Certains d'entre nous sont contraints à les recevoir sur l'ivoire nue de leurs épaules tandis que d'autres sont autorisés à garder leur manteau – voilà la seule différence.
Nous ne pouvons pas faire les événements, arranger les circonstances, changer nos destinées ; mais nous pouvons être nous-mêmes ce que nous voulons, et cela transforme toutes choses.
Les misères de la vie sont les circonstances atténuantes de la mort.
L'homme est doué de talents que n'éveillent jamais que des circonstances fortuites.
Nous sommes ce que nous font les circonstances. Qu'un enfant soit gai ou triste, silencieux ou bruyant, qu'il montre ou ne montre pas des aptitudes au travail, nul augure à en tirer.
Il y a dans le monde beaucoup d'hommes qui ne font rien faute de savoir à quoi ils sont bons, beaucoup d'âmes endormies ou seulement assoupies qui ne demandent qu'à s'éveiller. Pour les tirer de leur torpeur il suffit quelquefois d'une circonstance fortuite, d'une rencontre imprévue, d'un conseil, d'un encouragement, de deux mots dits à voix basse, de l'un de ces regards qu'il appelle les messagers du cœur.
Le bonheur est moins dépendant des circonstances que du caractère.
Dans certaines circonstances, qu'il est bon, non seulement d'être indifférent, mais de le montrer !
Toutes les circonstances où les autres m'ont fait souffrir m'avertissent de ne pas provoquer chez eux les mêmes souffrances.
Dans toute situation, l'habileté consiste à savoir tirer profit des circonstances.
Ce qui caractérise la plupart des femmes, c'est que, dans les grandes circonstances de la vie, les raisons décisives sont, pour elles, les raisons d'à-côté.
Le réaliste est celui qui sait tirer profit des circonstances qui s'offrent à lui.
Si l'on veut savoir ce qu'autrui pense de nous à propos d'une chose nous concernant, il suffit alors de songer à ce que nous penserions nous-mêmes d'autrui dans des circonstances semblables. De cette manière, on ne retient personne moralement meilleurs que nous, ni d'ailleurs plus ingénu.
Un caractère malheureux accuse l'occasion de ses chagrins, comme le malade accuse le temps de ses souffrances. Tous deux ont noté, avec le dernier scrupule, les raisons les plus insignifiantes, les circonstances les plus minutieuses. Ils n'ont oublié qu'une chose... leur maladie.
Les démocrates les plus convaincus deviennent les pires des aristocrates lorsque les circonstances le permettent.
Dans les circonstances graves et dangereuses, il est plus sûr d'écouter les scrupules ; c'est assez d'avoir à lutter contre la vie, on n'a garde de se créer des difficultés avec sa conscience.
Il se rencontre dans la vie bien des circonstances où il faut prendre une résolution subite, sans différer d'un instant.
Il faut un grand esprit pour calculer ce qu'on doit aux circonstances, sans blesser les principes.
Les circonstances font surgir les hommes.
De chute en chute on se meurtrit promptement et l'on en arrive vite à n'être plus qu'un jouet aux mains des circonstances.
Il est des circonstances où un léger mensonge est nécessaire et même louable.
II y a dans l'ordre des destinées des circonstances décisives, où, pour réussir, il faut absolument brusquer les aventures.
Jamais les hommes ne manquent aux circonstances, mais les circonstances manquent à plusieurs.
L'homme isolé parvient difficilement à se mettre en vue : il faut, pour arriver aux postes élevés, avoir un certain entourage et être aidé par les circonstances.
Peu d'hommes d'État savent être au-dessus des circonstances : ils se laissent entraîner par elles, au lieu de les diriger.
Il est peu de circonstances où il vaille mieux parler que de se taire.
La nature humaine n'est que contradiction : les mêmes choses sont louées ou blâmées avec une égale apparence de raison, selon les temps et les circonstances.
Une circonstance suffit quelquefois pour faire donner le nom d'honnête homme à celui qui souvent ne passerait pas pour tel, s'il eût eu intérêt à être fripon.
Tous les hommes sont, par nature, des hommes à femmes. Ce sont les circonstances qui décident de l'étendue de leurs exploits.
Savoir commencer à une heure quelconque et par un côté quelconque une œuvre de longue haleine, c'est donner au temps toute sa valeur et affranchir singulièrement sa liberté intérieure de la servitude des circonstances.
Les sages doivent s'examiner eux-mêmes, peser les circonstances, et, en toutes choses, n'agir jamais avec précipitation.
Les choses étant ce qu'elles sont, les prochains jours seront ce qu'ils seront. Ce qui ne les empêchera pas, pour autant, d'être de nature diversifiée et même contradictoire, pour peu que les circonstances s'y prêtent.
Dans toutes les circonstances de la vie qui peuvent être fâcheuses, consolez-vous par avance du mauvais succès, en vous y attendant. C'est le moyen de sentir de la joie si les choses réussissent, et peu de peine si elles tournent mal.
Pour pouvoir répondre avec certitude des actions d'un homme, il faudrait pouvoir répondre en même temps de toutes les circonstances où il peut se trouver : le dernier jour a plus d'une fois terni une vie toute couverte de gloire.
La persévérance vient à bout de tout, il n'est point d'obstacle qu'un travail assidu ou une attention continuelle ne parvienne à vaincre : c'est ce qu'on ne cesse de nous répéter, et que je ne regarde pas comme vrai en tout point ! Je crois que c'est plus le hasard et les circonstances qui servent un homme qui veut s'élever que tout ce qu'il peut faire lui-même ; il est vrai qu'il faut qu'il aide aux circonstances, mais combien de personnes pour qui elles ne se présentent jamais !
La conduite d'un homme dépend plus souvent des circonstances et des situations où il se trouve dans le cours de la vie, que des principes d'éducation qu'il a reçus dans sa jeunesse.
Je m'aperçois nettement que je vis par habitude, sans vue claire de ce que je suis et du sort qui m'attend, sans plan, sans but, oubliant mon âge, et redoutant de vérifier mes limites et mes pertes, flottant au hasard des impulsions du moment et des circonstances du jour, ne travaillant à rien, ne produisant rien, expérimentant la vie sans la diriger ni l'exploiter, bref sentant, rêvant, pensant un peu, méditant parfois mais ne voulant plus, n'espérant plus, ne désirant plus, spectateur et non pas acteur dans la comédie du monde.