Un savant est bien moins épris de lui-même qu'un poète ; il a l'habitude de s'humilier en cherchant.
Vivre son moi en tant qu'univers, c'est le secret des poètes, et surtout des âmes poétiques.
Les mots s'illuminent quand le doigt du poète y fait passer son phosphore.
Chaque fois qu'on lit un poète mort, on le ressuscite.
Le poète se consacre et se consume à définir et à construire un langage dans le langage.
Un poète, c'est joli quand un siècle a passé, que c'est mort dans la terre et vivant dans les textes.
L'ennui des poètes est un ennui doré, ne les plaignez pas trop ; ceux qui chantent savent charmer leur désespoir ; il n'est telle magie que la magie des mots. Les poètes se consolent, comme les enfants, avec des images.
Nul ne saurait prescrire au poète d'être noble, élevé, moral, pieux et chrétien, d'être ou de n'être pas ceci ou cela, car il est le miroir de l'humanité et lui présente l'image claire et fidèle de ce qu'elle ressent.
Le poète est l'homme universel : tout ce qui a agité le cœur d'un homme, tout ce que la nature humaine, en toutes circonstances, a pu éprouver et produire, tout ce qui habite et fermente dans un être mortel, c'est là son domaine qui s'étend à toute la nature.
Les poètes anglais racontent ce que les autres imaginent.
Le véritable éloge d'un poète, c'est qu'on retienne ses vers.
Le message politique du poète est de dépasser la politique.
Nul poète ne s'alimente du présent : tous rebroussent, ils font plus ; refoulés vers ces souvenirs par les déceptions de la vie, ils en deviennent amoureux ; déjà ils leur prêtent des grâces que la réalité n'avait pas, ils transforment leurs regrets en beautés dont ils les parent, et, se créant à l'envi un brillant fantôme, ils pleurent d'avoir perdu ce qu'ils ne possédaient pas.
Le bonheur est toujours le grand médecin des poètes et des femmes, et le bonheur c'est la sympathie.
Le poète croit nous enivrer de son rêve, il ne fait qu'éveiller le nôtre.
Tout homme est poète quand il est amoureux.
Les poètes sont des fous d'avoir donné au fils de Vénus un flambeau, un arc ct un carquois ; la puissance de ce dieu ne réside que dans son bandeau ; tant que l'on aime on ne réfléchit point ; dès que l'on réfléchit, on n'aime plus.
Les poètes, enfants de la liberté, toute leur affaire est d'amuser les oreilles.
L'amour est un grand poète, sa matière est inépuisable.
Un vrai génie est rare parmi les poètes, un goût sûr ne l'est pas moins parmi les critiques.
Un poète a placé la critique à la porte du temple du goût comme sentinelle des beaux-arts.
Les poètes sont enfants avec beaucoup de grandeur d'âme, et avec une céleste intelligence.
On peut être poète dans tous les domaines : Il suffit que l'on soit aventureux et que l'on aille à la découverte.
Pourquoi l'on envie les poètes ? Parce qu'un peu d'impertinence leur sied bien quelquefois, et que c'est pour nous un supplice dans le monde de n'oser être impertinents.
Il n'y a aucun pays de la terre où l'amour n'ait rendu les amants poètes.
Ce sont les seuls interprètes des vrais dieux que les poètes.
Entre deux poètes qui composent en même temps un hymne, les Muses se plaisent à allumer la discorde.
Le poète jouit de cet incomparable privilège, qu'il peut à sa guise être lui-même et autrui.
Un poète est éloquent, lorsque dans ses écrits, c'est le cœur qui pense et qui s'exprime.
Les muses et l'amour ont les mêmes retraites ; l'astre qui fait aimer est l'astre des poètes.
Un poète et un cuisinier se ressemblent, c'est le génie qui fait valoir les vers et les mets.
Ne demande pas de conseils à un grand poète, le génie n'est pas la raison.
Le poète est l'homme de la stabilité unilatérale.
L'homme d'action est avant tout un poète.
On naît poète, on devient prosateur.
Le poète ne doit avoir qu'un modèle, la nature ; qu'un guide, la vérité.
Que la nature lui en refuse le don, et c'est l'indignation qui dictera au poète ses vers.
Les poètes trouvent d'abord et ne cherchent qu'après.
L'espace et le temps sont au poète ; que le poète aille où il veut en faisant ce qui lui plaît.
On ne peut être poète sans quelque folie.
La première étude de l'homme qui veut être poète est sa propre connaissance.
Un poète est un homme malheureux qui cache en son cœur de profonds tourments.
Apprendre à devenir poète, c'est désapprendre à vivre.
La plus belle réputation que puisse acquérir un excellent poète, est de passer pour un agréable menteur.
Le poète est, comme le père des Muses, éternellement jeune, et, ce que les autres hommes ne sont qu'une fois, amoureux tout le jour et pendant toute sa vie.
Les génies poétiques sont dans leur jeunesse les renégats et les persécuteurs du bon goût, mais plus tard ils s'en font les prosélytes et les apôtres les plus zélés : l'âge calme peu à peu leur imagination brûlante qui grossit ou diminue sans mesure les objets ; il la polit et la façonne comme le verre d'une lunette, jusqu'à ce qu'elle ne leur représente la nature que sous une grandeur double de la réalité, afin qu'ils puissent la saisir dans son ensemble et la peindre jusque dans ses détails. C'est ainsi que les hommes de génie qui ont commencé par être les ennemis des principes et les fléaux de la vertu, en deviennent ensuite les plus fermes soutiens, et servent souvent mieux leur cause que ceux dont la conduite et les sentiments avaient offert moins d'aberrations.
Le poète ressemble aux cordes de la lyre, il devient invisible comme elles lorsqu'il s'ébranle, et rend des sons mélodieux.
Le poète est celui qui inspire bien plus que celui qui est inspiré.
Poète, prends ton luth, et me donne un baiser.
Pour être poète ou orateur, une raison saine, un esprit juste et heureux, une sensibilité vraie ne suffisent pas encore : il faut de l'enthousiasme et de l'imagination ; un coloris riche ; une harmonie haute et variée ; une marche forte et simple ; et par tout cela, et par-dessus tout cela, un caractère à soi, une originalité.
Touché par l'amour, tout homme devient poète.
Le poète en des jours impies vient préparer des jours meilleurs. Il est l'homme des utopies ; les pieds ici, les yeux ailleurs.