Le temps est un abîme où je jette une à une mes pensées sans pouvoir le combler,
Le cœur de la jeunesse est un vase profond : lorsque la première eau qu'on y verse est impure. La mer y passerait sans laver la souillure, car l'abîme est immense et la tâche est au fond.
Entre gens civilisés, une nuance est un abîme.
L'abîme m'attire, m'entraîne toujours. L'infini me tente, le mystère me fascine.
La placidité du regard de la femme apaise les tempêtes qui bouleversent le cœur de l'homme, et l'éclair qui jaillit de ses yeux fait descendre une lueur d'espérance dans les sombres abîmes de la douleur.
Le cœur d'un avare est un abîme.
Il suffit parfois de la lueur d'un éclair pour entrevoir des abîmes inconnus.
Dieu est le grand inconnu dont notre petitesse est incapable de prendre la mesure ; il nous est facile de croire à sa sagesse, à sa puissance, à sa bonté, à toutes ses perfections, mais nous ne verrons jamais jusqu'au fond de cet abîme.
On se soucie peu d'être aimé pour ce qu'on a. L'avoir suffit. Mais le talent, la vertu qui manquent creusent dans l'âme de petits abîmes que le rôle de l'autre est de combler.
Le temps est un abîme où je jette une à une mes pensées sans pouvoir le combler.
Plus l'abîme est profond, plus les ânes marchent avec insouciance sur les bords. Ainsi les médiocrités la veille de leur chute.
Le mariage flotte continuellement entre le ciel et l'abîme.
La jeunesse peut facilement être précipitée dans l'abîme des vices, par l'inexpérience et sa propre vivacité. C'est une mer continuellement agitée de tempêtes et pleine de mille écueils, au travers desquels tout homme doit passer au milieu d'une infinité de périls pour arriver au port désiré de l'âge viril.
Voir le péril n'empêche ni l'homme ni une nation de s'y précipiter : les abîmes attirent.
Aujourd'hui la science a trouvé le moyen de sonder les abîmes de la mer ; il ne reste plus d'insondable que la profondeur de la sottise humaine.
Les grandes affections sont moins nombreuses que notre cœur ne nous le laisse croire ; nous n'aimons parfaitement qu'un seul être dont nous ne pouvons nous passer ; un abime le sépare du reste.
Le repentir jette au moins un pont de retour et de salut sur les plus effroyables abîmes.
Quand on a montré à son ami le bord de l'abîme, il n'y a plus de conseils à donner ; il faut attendre ce qu'il va faire, quelle décision il va prendre.
Il y a un don des larmes. Il y a un abîme du monde, et de soi, qui n'est donné que dans les larmes, qui brille au travers d'elles.
Quelquefois, un geste, une parole, un regard, dans une conversation sans témoins, quand les âmes sont déshabillées de leur hypocrisie mondaine, éclaire des abîmes.
Une bonne fille ne demande qu'à bien faire, elle a toutes les bonnes intentions. Mais elle ignore que les bonnes intentions sont des fléaux ou des pièges ; un jour, dans la meilleure pensée du monde, elle commet une petite imprudence, et il se trouve que cette imprudence la conduit aux abîmes.
En aidant le coupable à tomber dans l'abîme, le flatteur complaisant commet un double crime.
Nous sommes des grains de sable que le flux et le reflux font briller au sommet des dunes, et ramènent au fond de l'abîme.
Les événements ne sont jamais absolus, leurs résultats dépendent entièrement des individus : le malheur est un marchepied pour le génie, une piscine pour le chrétien, un trésor pour l'homme habile, pour les faibles un abime.
Le sot et le faible sont impuissants à bien juger. Ce n'est point la cause qui est la même, mais l'effet. La faiblesse du cœur et la faiblesse de la tête précipitent dans le même abîme.
Il y a dans le cœur des abîmes qui sont plus profonds que l'enfer.
L'amour sublime, unique, invincible, mène tout droit au bord du grand abîme, car il parle immédiatement d'infini et d'éternité.
Il y a quelque chose de saisissant, de vertigineux, d'ineffable à regarder au fond de l'abîme, et chaque âme est un abîme, un mystère d'amour et de pitié. J'éprouve toujours une sorte d'émotion sacrée à pénétrer le dernier fond d'un sanctuaire, à entendre le murmure suave des prières, des plaintes, des hymnes qui sortent des inaccessibles profondeurs du cœur.
Entre mes rêves et moi, il y a toujours un abîme que je n'ai pas, même en idée, essayé de franchir. Je n'ai rien réclamé de la vie et je n'ai rien osé lui ravir. Tout ce qui enchante et séduit les hommes a conservé pour moi sa fleur de virginité, je n'ai rien possédé ni cueilli.
Toute passion nuisible attire, comme le gouffre, par le vertige. La faiblesse de volonté amène la faiblesse de tête, et l'abîme, malgré son horreur, fascine alors comme un asile. Effroyable danger ! Cet abîme est en nous, ce gouffre ouvert comme la vaste gueule du serpent infernal qui veut nous dévorer, c'est le fond de notre être ; notre liberté nage sur ce vide qui aspire toujours à l'engloutir. Notre seul talisman, c'est la force morale rassemblée sur son centre, la conscience, petite flamme inextinguible dont la lumière s'appelle devoir et dont la chaleur se nomme amour.
Ô silence, tu es effrayant ! effrayant comme le calme de l'océan qui laisse plonger le regard dans ses abîmes insondables ; tu nous laisses voir en nous des profondeurs qui donnent le vertige, des besoins infinis, inextinguibles, des trésors de souffrance et de regret.
Un instant est l'abîme où va se perdre une belle destinée.
Nageur indifférent à la surface de l'abîme, il allait plonger dans ses profondeurs.
Quand tu glisses sur la glace la plus polie, défie-toi des abîmes creusés sous tes pieds.
Il y a entre mes rêves et ma vie un abîme que je sens.
La vie sans la femme devient chaque jour plus intolérable. Pas de but, pas de halte, pas de ciel — ni ombre, ni soleil, le brouillard de l'ennui, l'abîme du dégoût, les idées de mort, le terrible À quoi bon ? Une jeunesse qui se dévore, inutile.
Le mépris est un penchant vers l'abîme.
J'ai essuyé bien des traverses dans ma vie ; elle a été plusieurs fois sur le point de sombrer dans un abîme : or, rien ne m'a plus servi dans ces conjonctures qu'une sorte d'énergie subite qui m'était donnée, sans que je susse comment, et qui, malgré les côtés faibles et mélancoliques de ma nature, m'a élevé au-dessus de moi-même à l'heure où je devrais tomber au-dessous.
Au bord de l'abîme, prenez-y garde, il ne vous reste plus qu'un seul pas à faire pour y tomber.
Les âmes tranquilles sont comme le vaisseau d'Ulysse : à fond de cale, elles renferment des outres pleines de tous les autans furieux ; qu'un accident en crève une, et le vaisseau tournoie et des abîmes s'entrouvrent.
Mon inutilité m'abîme et je m'abîme en elle.
II y a un abîme entre tout homme et son semblable qui ne se comble point avant que leurs regards ne se soient rencontrés dans le sein de Dieu. Alors l'abîme disparaît et l'amour des créatures, impuissant tant que rien ne les unissait, croît, grandit et prospère sous le souffle de l'amour divin.
En toute situation les femmes ont plus de causes de douleur que n'en a l'homme, et souffrent plus que lui. L'homme a sa force et l'exercice de sa puissance ; il agit, il va, il s'occupe, il pense, il embrasse l'avenir ; il y trouve des consolations ; mais la femme demeure, elle reste face à face avec les chagrins dont rien ne la distrait, elle descend jusqu'au fond de l'abîme qu'il a ouvert, le mesure et souvent le comble de ses vœux et de ses larmes.
Le positif c'est la vase noire et nauséabonde que le reflux nous laisse, tandis que là-bas étincelle la vague bleue portant cette flottille de barques bruyantes, ces voiles étendues, blanches ailes des vaisseaux, et les avirons aux cadences harmonieuses, et tous les gais murmures de ces eaux ; et puis tout cela disparaît, s'évanouit, tombe dans l'abîme ; et il nous reste à nous, rêveurs, la vase, le positif !
La poésie c'est le bouche-abîme du réel désiré qui manque.
L'esprit s'épanouit dans le plaisir, et l'âme se concentre dans la jouissance ; entre ces deux états, il y a l'abîme qui sépare l'ivresse de l'extase.
De sensations en sensations, nous sautons l'abîme, et puis il n'en reste rien que l'abîme. Les sensations sont le combustible du néant. Inutile de les noter, de les embaumer. Elles ne ressuscitent, avec leur sève et leur parfum, que lorsqu'elles ressurgissent on ne sait plus d'où, quand on les avait oubliées, qu'elles sont retordues, transformées, adaptées au moment précis où elles doivent être libérées. Non plus pour être exprimées elles-mêmes, mais pour exprimer.
À beaucoup le cœur manque quand leur regard rencontre l'abîme des choses futures.
Il n'est pas un cœur qui ne cherche quelque guide pour éviter les abîmes.
Le cœur de l'homme est un abîme de souffrance dont la profondeur n'a jamais été sondée.
Toutes choses entrent dans l'abime du passé, d'où elles ne sortent plus jamais.
L'ignorance est la nuit qui commence l'abîme.
L'homme n'est qu'un abîme de faiblesse, de corruption et de vanité.
Il y a des abîmes entre l'estime d'une femme et son amour.
Le passé et l'avenir sont deux abîmes dans lesquels l'esprit humain se plaît à se perdre.
Les hommes traversent la route du bonheur, et tombent dans les abîmes de l'infortune.
L'espérance de l'homme sans foi est comme la colombe de l'arche, planant au-dessus de l'abîme sans savoir où se reposer.
Les amis les plus chers sont séparés par d'infranchissables abîmes.
Physiquement, l'homme est un mystère ; spirituellement, c'est un abîme.
L'abîme qui sépare le bien et le mal est aisément comblé par l'intérêt.
Il y a des abîmes d'où personne ne peut vous sortir.
Le passé est un abîme sans fond qui engloutit tout ; l'avenir est abîme qui nous est impénétrable.
L'abîme appelle l'abîme.
L'abîme du plaisir ne sera toujours pour moi que l'abîme du dégoût que j'ai de moi-même.
L'amour cesse presque toujours au moment où il allait devenir raisonnable et fondé sur quelque chose. Entre la nouveauté et l'habitude, l'une attrait invincible, l'autre lien puissant, il y a à franchir un abîme dans lequel l'amour tombe et périt presque toujours.
L'homme doit prendre conscience de ses abîmes pour mieux les contourner.
En réalité nous ne savons rien, car la vérité est au fond de l'abîme.