L'homme raille volontiers la femme sur son goût de colifichets, sans réfléchir que, ruban pour ruban, la femme, en y trouvant un moyen de s'embellir, est encore plus raisonnable que lui, qui fait souvent des bassesses pour en attacher un nœud insignifiant et presque invisible à sa boutonnière.
Nous raillons souvent les vieillards, nous accordons à peine aux malades une pitié méprisante, et nous voyons avec une suprême indifférence la mort des autres, comme si nous ne devions jamais nous-mêmes devenir vieux, infirmes, et mourir !
Nous voulons bien railler, mais non pas qu'on nous raille.
On peut dire que les railleurs sont atteints d'une sorte de débilité morale, qui est, pour ainsi dire, de niveau avec la défectuosité de leurs organes physiques.
Observez l'homme qui a du penchant à railler les autres ; à coup sûr, il est aussi présomptueux que malin : rire d'autrui, c'est vanter sa propre excellence.
Il faut un cœur et un esprit délicats pour savoir railler sans offenser.
Un privilège fort inique des cœurs méchants s'attaquant aux natures débonnaires, c'est qu'ils ne rencontrent pas la pareille. Ils peuvent railler, dénigrer, calomnier, jalouser, haïr, tout à leur aise, sans craindre la réciproque. Les uns manient la griffe, le stylet, le poison, l'éclaboussure, et ils rencontrent la douceur, la modération, le pardon. Le jeu est injuste. Mais la méchanceté est lâche et se prévaut de la charité de l'adversaire.
L'opportunité de l'éloge est plus que l'éloge lui-même. La plus fraîche saveur est celle de l'à-propos. Des petits pâtés vieux ne sont plus une friandise et ne paraissent plus un cadeau, mais une raillerie.
Railler un homme parce qu'il est sourd, chauve, petit, vieux et maladif, c'est le dernier degré de la sottise humaine ; c'est le premier degré de l'état sauvage.
Les ânes ont toujours raillé les rossignols en leur reprochant d'être incapables de porter des grains au moulin. Les rossignols, du moins, n'ont jamais reproché aux ânes de ne pas savoir chanter.
Dans tout pays libre le danger commun raille les esprits ; et la tranquillité intérieure y règne, lorsque la paix extérieure est troublée.
La raillerie est souvent comme ces poisons subtils qui tuent ceux qui les emploient.
Les mots dédaigneux, railleurs, peut-être méchants, que la bouche retient, sont dessinés dans un sourire. - Ah ! ce sourire !
Une raillerie piquante est l'ouvrage de l'iniquité.
II y a des gens dont toute la modestie se dépense à railler l'orgueil de leurs rivaux.
Le railleur s'attire toujours quelque mauvaise affaire, et le beau parleur ne manque jamais d'ennemis.
N'épouse jamais une fille railleuse. La raillerie, chez la femme, est symptôme d'enfer.
Les railleries des hommes frivoles doivent être impuissantes sur vous lorsqu'il s'agit de proclamer des sentiments élevés ; et le plus élevé de tous les sentiments, c'est d'aimer Dieu.
Vous raillez ceux qui s'agenouillent et prient devant la modeste image d'une madone, et ceux-ci vous plaignent : franchement, que vaut-il mieux d'être plaint ou raillé ?
La raillerie tourne les hommes en ridicule, pour nous fournir, sous prétexte de les connaître, l'occasion d'en triompher.
La langue est la plus mauvaise et la plus dangereuse des choses quand on l'emploie à railler tout le monde. Que de gens d'esprit se sont perdus par-là ! On les écoute, non sans quelque plaisir, quand ils passent en revue les travers des gens de leur connaissance. On rit de leurs saillies, on applaudit à leur esprit, mais, comme résultat de ces spirituels exercices, ils se font autant d'ennemis qu'ils ont eu d'auditeurs ; les uns, parce qu'ils ont été mordus, les autres, parce qu'ils craignent de l'être.
Le vulgaire est ignoble quand il raille et ridicule quand il juge.
Ayant commencé par railler les autres, on finit par se railler soi-même.
À quoi bon railler la patrie, le public, l'humanité ? La planète ne nous offre rien de supérieur à l'homme et l'homme d'aujourd'hui vaut mieux, tout compté, que l'homme d'autrefois, et quelque chose vaut mieux que rien.
J'aime mieux m'exposer à tes railleries que de manquer à mon devoir d'ami.
Si les hypocrites sont nombreux, si les railleurs osent te traiter d'hypocrite, parce que tu seras religieux, ne te laisse pas pour cela décourager. Sans force d'âme, on n'acquiert aucune vertu, on n'accomplit aucun devoir important ; la piété elle-même ne peut régner dans un cœur pusillanime.
Je sais que si vous me raillez quelquefois sur mes airs graves, c'est sûrement dans la vue de faire entrer quelque rayon de gaieté dans mon âme au milieu de mes infortunes, et que votre badinage ne va point jusqu'au mépris. Il n'est pas donné à tout le monde d'avoir le talent d'offrir des leçons sérieuses et importantes avec un art heureux qui sait plaire et instruire à la fois.
Raillez, si votre humeur vous y porte, mais raillez avec prudence. Respectez ceux que l'âge et le caractère mettent au-dessus de vous : c'est une imprudence odieuse que de railler un vieillard, un supérieur, un père. Ménagez ceux qui sont au-dessous de vous : votre supériorité leur imprime un respect timide qui vous les livre sans défense. C'est attaquer avec trop d'avantage, c'est battre un homme nu et sans armes, c'est terrasser un enfant.
La raillerie n'est pas toujours un outrage, si l'esprit et la prudence étaient toujours d'accord, la raillerie deviendrait aimable, car jamais un railleur n'est un sot.
La raillerie blesse moins l'équité naturelle et le droit des gens que la médisance, et la raison en est simple ; celui qu'elle attaque est présent, et à portée de se défendre ; mais si elle est moins criminelle que la médisance, elle est peut-être plus offensante : elle attaque l'amour-propre, elle flétrit, elle déconcerte. Elle ajoute au chagrin qu'on éprouve d'être accusé d'un défaut, d'un travers ou d'une faiblesse, le dépit humiliant de n'avoir pas repoussé le trait piquant par un trait plus vif encore.
Si l'esprit et la prudence étaient toujours d'accord, la raillerie deviendrait aimable.
La raillerie piquante est le poison de l'amitié. Celui qui ne sait pas retenir sa langue, doit s'attendre à bien du chagrin.
Les femmes n'attachent aucun prix à l'homme fidèle. Elles n'ont pour lui, dans leur for intérieur, que pitié et raillerie. C'est l'homme qui les trompe (donc homme à succès), qui les intéresse et auquel elles tiennent.
La plupart des hommes sont portés à la flatterie ou à nous faire des compliments dans l'espérance de quelque retour, ou enfin par une espèce de malice et de raillerie.
De la plus douce raillerie à l'offense il n'y a souvent qu'un pas à faire.
La raillerie est le principal travers du caractère français et le plus incorrigible ; le Français commence par douter et se moquer de tout ; il se rirait de la balle d'une arme à feu déchargée à bout portant sur sa poitrine, et ne croirait pas qu'elle puisse donner la mort si les armes à feu avaient été inventées la veille ou le matin.
L'esprit dédaigneux et railleur n'a jamais servi de base à rien de grand ni de durable.
Qui a besoin de médire, et qui aime à railler, a une malignité secrète dans le cœur.
Le secret d'empêcher la raillerie est de la prévenir, et le moyen le plus efficace de l'arrêter est de la bien prendre.
Évitez les railleries comme des pièges qu'un malin esprit tend à votre repos.
On ne se corrige que par une espèce de miracle du défaut de raillerie.
La sanglante raillerie blesse et ne corrige pas.
En général, la raillerie nous affecte davantage que la médisance.
La raillerie est la marque de la stérilité de l'esprit à qui il manque de bonnes raisons.
Il n'y a que les bons esprits et les bons cœurs qui entendent la raillerie, elle ne blesse jamais ceux à qui elle s'adresse.
Le railleur a toujours le cœur froid et souvent l'esprit faux.
Le railleur de profession est, de tous les hommes, celui qui s'expose et s'estime le plus, et se connaît le moins lui-même.
Ne raillons pas les fous, leur folie dure plus longtemps que la nôtre, voilà la différence.
La fine raillerie est une épine qui a conservé un peu de parfum de la fleur.
Rien ne rend plus insensible à la raillerie que d'être au-dessus de l'opinion.
La raillerie délicate est un composé de louange et de blâme. Elle ne touche légèrement sur de petits défauts que pour mieux appuyer sur de grandes qualités.
S'il faut beaucoup d'esprit pour railler finement, il en faut bien davantage pour s'abstenir.
Une injure est souvent une raillerie de bon aloi.
La raillerie est toujours indécente.
L'esprit exclusif, dédaigneux et railleur n'a jamais servi de base à rien de grand ni de durable.
La raillerie ne convient pas à ceux qui sont élevés au-dessus des autres.
La raillerie la plus piquante est celle dont on ne peut se fâcher sans se rendre encore plus ridicule.
La raillerie entre égaux peut être permise. Elle peut devenir un jeu d'esprit innocent, dont les chances variant sans cesse, amusent agréablement, si les forces sont à peu près égales, car il y a de la lâcheté à railler quelqu'un qui n'a pas reçu de la nature le don de la répartie.
La raillerie est l'expression irrévocable du dédain.
Les railleries qui blessent n'ont jamais le droit de plaire.
Interdire la raillerie, ce serait mettre trop à l'aise les vices et les ridicules. La raillerie modérée est le sel de la conversation ; ce sel est âcre si on le prodigue.
Un mauvais railleur est un sot personnage.
La gaieté, le rire, la raillerie, c'est la force des Français.
La raillerie n'est presque jamais qu'une méchanceté timide et déguisées.
Parler et agir à propos, c'est être prudent ; faire consister la prudence dans un extérieur affecté, et dans des manières composées qui sont toujours un sujet de mépris et de raillerie, c'est une pure folie.
Tous les sots ont la démangeaison de railler, et ils voudraient bien être du coté des rieurs.
Si souvent la raillerie n'est que l'envers de la foi et le rire que la pudeur des larmes !
La raillerie est un discours en faveur de son esprit contre son bon naturel.