Quel est l'œil exercé qui pourra découvrir ce qu'il y a d'ironie, de dédain ou de sourde colère dans le regard oblique et rapide que jettent sur leurs toilettes réciproques deux coquettes qui se rencontrent dans un salon ou se croisent dans la rue ?
Une femme qui se moque d'un homme parce qu'il est véritablement amoureux d'elle, une telle femme est une coquette, et il me semble que le monde ne renferme pas que des coquettes. Combien de cœurs sensibles, aimants, prêts à répondre à notre amour ! ... Combien de femmes qui n'ont pu se défendre en secret d'aimer un mauvais sujet, et qui mettent tous leurs soins à cacher ce qu'elles éprouvent ! C'est innombrable !
Les coquettes sont exigeantes et exclusives, l'éloge d'une autre femme est une préférence qui les blesse.
La coquette recherche les suffrages ; la femme galante veut du plaisir. Celle-là ressent une secrète joie à exciter des désirs qu'elle ne veut pas satisfaire ; celle-ci cherche à faire partager les siens, et à les mener, sans détour, à leur but.
Par des motifs différents, l'avare n'avoue pas plus le chiffre de ses richesses que la coquette n'avoue le nombre de ses années.
La prude assiste à la perte de la réputation des coquettes avec le même raffinement que l'avare à la ruine des prodigues.
Quand je vois une jeune fille coquette, très entourée et à qui tout le monde fait la cour, trouver si difficilement un mari, je ne puis m'empêcher de penser au vin de Champagne, dont on boit avec grand plaisir un verre de temps à autre, mais dont personne ne voudrait pour son ordinaire.
Un aspic rendrait sa morsure plus venimeuse s'il trempait son dard dans le cœur d'une coquette.
Les coquettes se font honneur d'être jalouses de leurs amants pour cacher qu'elles sont envieuses des autres femmes.
Les coquettes sont comme les chats qui se caressent à nous plutôt qu'ils ne nous caressent.
Les grandes coquettes, ces femmes accoutumées à se jouer des hommes, n'admettent pas que personne puisse résister à leurs sortilèges.
Qu'est-ce qu'une coquette ? — Une charitable personne qui fait à tout le monde de petites aumônes, et laisse les vrais pauvres dans la misère.
N'accorder rien et laisser tout espérer ; causer sur le seuil de l'amour, mais la porte fermée ; voilà toute la science d'une coquette.
On pardonne tout aux jolies femmes, même d'être menteuse et coquette.
La femme qui aime sincèrement n'est plus coquette, et, sans coquetterie, la femme cesse bientôt de plaire.
Rien ne vexe une vieille coquette comme d'être surprise dans son négligé.
Les coquettes vraiment savantes ne se refusent pas, elles se donnent. Elles savent que posséder une maîtresse, pour un homme passionné, c'est être possédé par elle. Une femme qui ne nous aime pas et qui nous tient par la jalousie des sens nous mène où elle veut. Le plus irrésistible désir est fait avec la mémoire de la brute qui sommeille chez nous tout.
Être coquette, c'est vouloir conquérir ce dont on ne se soucie même pas.
On est aimable lorsqu'on est occupée des autres. On est coquette lorsqu'on est occupée de soi.
Être aimable et n'être pas coquette, mesure parfois difficile à saisir.
Entre une fille coquette et une fille galante, Dieu merci ! la distance est grande.
La coquette à son miroir fait acte de modestie ; en soignant ses charmes d'emprunt elle semble douter de la puissance de ses attraits naturels, de sa beauté.
Le problème de la toilette d'une femme coquette, c'est de montrer ce qu'elle a de mieux, et de faire bien préjuger du reste.
Rien n'est plus coquet qu'une femme laide qui n'a pas sincèrement donné sa démission.
Le commencement, quand une femme est coquette, ce n'est rien ; quand une femme est honnête, c'est tout.
L'amour-propre d'une coquette ne pardonne guère l'indifférence pour ses beaux yeux.
Une mère ne change pas de fils comme une coquette d'amants.
Les années qu'une coquette accuse deviennent bientôt des témoins qu'elle récuse.
Il y a entre une femme galante et une coquette la même différence qu'entre un pêcheur au filet et un pêcheur à la ligne. L'une pêche en gros, l'autre en détail.
Chez les coquettes, qui dit attraits, appas, apports, dit amorces.
Une coquette agit toujours de manière à vous laisser supposer qu'elle vous aime et à pouvoir vous dire qu'elle ne vous aime pas.
La coquette agit comme le soufflet d'une forge qui rend le fer brûlant et reste froid lui-même.
La chute tôt ou tard arrive : les coquettes se laissent conquérir en cherchant des conquêtes.
Des coquettes de corps l'art est un art moqueur, mais fuyez avant tout les coquettes de cœur.
La soumission d'une femme sans bornes qui vous adore vous enchaîne bien plus sûrement que n'aurait fait une femme coquette, insatisfaite et une femme capricieuse.
Une œuvre de pure imagination doit rappeler le boudoir d'une coquette : un peu de désordre n'en diminue pas l'agrément.
Les vieilles coquettes sont comme les vieux généraux, elles aspirent toujours à quelque nouvelle bataille.
La coquette grignote l'amour.
Le caprice est le revolver de la coquette.
La coquette songe à se faire des adorateurs, la femme vertueuse songe à se faire des amis : la première n'a jamais ce que la seconde cherche, et la seconde a souvent ce que la première cesse d'avoir.