L'éloge des absents se fait sans flatterie,
Craignez que celui dont vous faites l'éloge aujourd'hui ne vous poignarde demain : c'est dans l'automne que le paysan juge de l'année, c'est dans l'arrière-saison de la vie que l'on juge un homme.
Tous nous nous enorgueillissons d'un éloge, et nous nous affligeons d'une critique. Et pourtant, l'éloge n'améliore rien, tandis qu'une critique juste et faite à propos peut nous corriger de quelque imperfection.
Il y a des femmes qui ne sont pas très sensibles aux éloges de leur beauté, ce sont celles dont la beauté est incontestable et universellement reconnue. L'hommage que vous leur rendez à cet égard est une dette que vous payez, elles ne vous en savent aucun gré. C'est sur l'esprit alors qu'il faut les flatter.
N'oubliez pas que les éloges que vous recevez s'adressent moins à vous qu'à votre rang et à votre fortune.
Un éloge, même à faux, déplaît rarement à un auteur ; une critique, même juste, déplaît presque toujours.
Il n'est pas d'éloge qui touche plus une jeune sœur que celui que vous faites de sa raison supérieure.
L'opportunité de l'éloge est plus que l'éloge lui-même. La plus fraîche saveur est celle de l'à-propos. Des petits pâtés vieux ne sont plus une friandise et ne paraissent plus un cadeau, mais une raillerie.
Les lecteurs renvoient d'ordinaire les critiques d'un auteur à leurs voisins, et gardent les éloges pour eux. De là l'inefficacité du moraliste !
Que celui qui veut faire quelque œuvre digne d'éloge, amasse lentement et sans relâche la plus grande force sur le plus petit point.
Il faut savoir trouver dans l'éloge d'un ami un conseil, dans celui d'un ennemi une critique, et profiter des deux.
En fait d'éloges, il n'y a de sincères à nos yeux que ceux que nous recevons.
On place ses éloges comme on place de l'argent, pour qu'ils nous soient rendus avec les intérêts.
Le monde interprète en mal tout ce qui lui est caché ou inexpliqué, il ne présume jamais la modestie qui veut fuir ses éloges ni l'indépendance qui s'en passe.
La paresse est un opprobre, et le travail un éloge.
Dans les éloges qu'on fait des grands on ne dit presque jamais précisément ce qu'ils devraient être.
On finit par croire aux éloges que l'on achète ou que l'on se fait soi-même.
La preuve la plus certaine du mérite est l'éloge d'un rival.
Il est des circonstances où l'envie s'arrête devant la tombe. L'envieux trouve même l'occasion de faire l'éloge de celui qu'il a voulu flétrir pendant sa vie.
L'éloge est un hommage dû aux talents et aux vertus ; il anime les arts, il excite l'émulation, mais il faut le dispenser à propos.
Le plus bel éloge d'un jeune homme est celui que fait de lui le vieillard.
Quand on va faire devant moi l'éloge de certaines gens ou de certaines choses, je suis prise de crainte, tant j'ai peur qu'on ne le fasse pas à mon goût !
La vanité nous soumet à tous ceux dont nous désirons les éloges.
Aucune femme n'aime à entendre faire l'éloge d'une autre femme devant elle. Toutes se réservent, en ce cas, la parole, afin de vinaigrer la louange.
L'amour que les femmes inspirent à un homme comporte des éloges sans hypocrisie et qu'il est difficile de ne pas savourer ; mais, quand cet homme appartient à une amie, ces hommages causent plus que de la joie, c'est de célestes délices.
Nécrologie : Éloge qui, par définition, arrive toujours trop tard.
Il est parfois humble d'accepter avec simplicité un éloge flatteur.
Il ne faut pas affliger les bons cœurs en méprisant leurs éloges, il faut les remercier, leur sourire ; mais c'est le cas de serrer d'un cran le cilice intime de la modestie pour ne pas follement oublier qu'on n'est rien, qu'on ne sait rien.
En ce monde on se couvre mutuellement d'éloges, et les pires cochons sont célébrés comme des gens de génie. Grande bassesse d'esprit, grande médiocrité d'esprit, grande bêtise, au fond de tout cela. Combien sentent, comprennent, le plaisir qu'il y a à être soi, à dire ses idées à soi, avant tout autre chose.
Je connais des gens qui font les modestes, rougissant des éloges même qu'ils méritent, et ne sont humbles qu'en gros. Ils le sont si peu en détail, que si vous les contredites vous les mettez en fureur ; ils savent tout mieux que vous.
L'éloge nous est souvent aussi utile que le blâme ou que le conseil.
Des éloges que nous font les envieux, il en sort toujours quelque venin.
Il est des hommes dont l'esprit faux et envieux est tellement reconnu, que leur critique est un éloge.
L'éloge des absents se fait sans flatterie.
À s'entendre louer, les gens de cœur, en un sens, prennent en grippe le donneur d'éloges, si l'éloge est hyperbolique.
Les justes éloges sont les plus nobles encouragements du mérite, des talents et de la vertu, et ne peut-on pas même dire qu'ils en sont, dans cette vie, la plus digne et la plus douce récompense, après celle de la conscience ?
Adoucissez, le plus qu'il vous est possible, les réprimandes que vous êtes obligé de faire. Les meilleures sont celles qui sont assaisonnées d'éloges, ou qui sont données indirectement.
Les seuls éloges dont les riches et les grands soient en droit de ne pas se défier, ce sont les éloges qu'ils obtiennent de la reconnaissance ; toute autre louange peut s'adresser à leur fortune, celle-là ne s'adresse qu'à leur personne.
Il vaut mieux aller au ciel avec le mépris du monde qu'en enfer avec ses éloges.
On se trompe souvent en faisant l'éloge d'un homme ; rarement en le jugeant avec sévérité.
Le courage n'est digne d'éloge que lorsqu'il agit à propos.
Quand j'ai rendu un service à un ami, je ne crois pas avoir mérité d'éloges, j'ai seulement évité le blâme.
Il n'est pas de musique plus douce que les paroles d'un père à son fils quand il lui donne des éloges.
Tout éloge mesuré est considéré comme un dénigrement.
Craignez que celui dont vous faites l'éloge aujourd'hui ne vous poignarde demain : c'est dans l'automne que le paysan juge de l'année, c'est dans l'arrière saison de la vie que l'on juge un homme.
Il y a souvent plus de vraie bonté dans la critique que dans l'éloge.
Si l'on me dit qu'une personne a fait mon éloge, je n'oserai contester son esprit et son jugement.
Tout éloge nous surprend en flagrant délit d'immodestie car ce que nous en retenons est encore trop.
Distribuer les éloges, c'est se flatter.
Si vous voulez savoir comment la haine vient à une femme, faites devant elle et son amant l'éloge de sa rivale.
Il est peu de femmes qui aient du bon sens devant un éloge, et du sang-froid devant une critique.
L'amour-propre se vexe de toute restriction dans l'éloge.
Dire qu'on aime, c'est faire l'éloge de son cœur.
Pour prendre un cœur comme un poisson, l'éloge est le meilleur hameçon.
Le plus grand ridicule est de trouver tous les genres de mérite à l'homme dont on fait l'éloge.
On finit par croire aux éloges que l'on achète ou que l'on se fait.
Aucun éloge ne doit paraître mieux mérité que celui qui sort de la bouche d'un ennemi.
Dans l'éloge il y a plus d'importunité que dans le blâme.
On insulte d'éloges parce qu'on ne peut flatter d'insultes.
Les éloges les plus flatteurs ne satisfont que rarement celui qui les reçoit, il manque toujours quelque chose.
Méfiez-vous de l'homme qui sollicite votre obligeance, l'encensoir à la main. Les bienfaits qu'il recevra de vous ne lui inspireront de gratitude qu'envers lui-même ; il les considérera comme le juste salaire de ses éloges. Vous croyant la dupe de sa tactique, il ne manquera point d'attribuer à la finesse de ses louanges ce qu'il ne devra qu'à la bonté de votre cœur, et s'il ne cherche ensuite à vous couvrir de ridicule qu'en petit comité, c'est qu'il se pique de délicatesse et de bons procédés.
Un peu d'éloge encourage et fortifie, beaucoup d'éloge enivre.
Tout éloge imposteur blesse une âme sincère.
Parler de son ennemi avec éloge, si c'est pour lui rendre la justice qu'il mérite, c'est bien fait ; si c'est pour l'entretenir dans une fausse sécurité et le perdre plus sûrement, c'est une perfidie.
À la guerre, la ruse mérite des éloges.
Il y a un mépris des éloges qui n'est pas modestie, mais orgueil.
Il n'y a pas que les sots qui aient besoin d'éloges, et renouvelés souvent.
En amour, querelle vaut encore mieux qu'éloge.
Retiens mieux le mal qu'on en pourra dire, que les nombreux éloges qu'on en fera.
Sans la liberté de blâmer, il n'est point d'éloge flatteur.
Être digne d'éloge est mieux qu'être loué